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L'anniversaire mouvementé  - 1 –

 

« Allo, Police secours ? Je suis en train de voir un homme, grand, à lunettes mais à l'allure inquiétante, qui poursuit une petite femme à l'air affolé, sur les quais de la Saône. Il est en train de gagner du terrain sur la pauvre petite. Ils sont à peu prés à 150 mètres avant le restaurant « Au p'tit chopineur ». Vite, faite quelque chose, il va la coincer, la brutaliser, la violer ! Ah ! vous avez une voiture de ronde à moins de 50 mètres ? Elle arrive, super ! Faites vite, je vois bien que la victime a des palpitations, ses cheveux sont dénoués par la panique, et son chemisier trempé de peur. Prévenez les agents, l'homme n'est pas un malingre, même s'il est basané ! Prévenez vos gars, elle vient de se réfugier dans le restaurant. Ah, une sirène, voilà votre voiture, elle coupe la route du délinquant, vos deux inspecteurs en descendent, ils le bloquent et procèdent à son arrestation. Bravo les gars, ça c'est du bon boulot. Bon je vous laisse maintenant il faut que je rentre. Merci, et vive la police. ». Au pied de son immeuble, Charles Petit croise, Jean-Paul Risquet son voisin du 8ème. « Ah ! bonsoir voisin, il faut que je vous raconte, on n'est plus en sécurité : comme chaque soir, je m'baladais rive droite, la plus sauvage, avec mon vieux chat. Griffon miaulait façon - t'a pas vu qu'il pleut et qu'il faut remonter bien au chaud dans notre immeuble ?- On y va, que je lui réponds, surtout que ma Charlotte m'a préparé un super repas d'anniversaire. Et la, juste au moment où je me retourne pour rejoindre notre immeuble,  je vois, de l'autre côté de la Saône, un géant semblable à un violeur , en train de poursuivre une petite. Heureusement  j'ai fait intervenir police secours, sans quoi, on aurait encore parlé d'un simple accident ! Allez, bonne soirée Monsieur Jean-Paul. ».

 

L'anniversaire mouvementé  - 2 -

Le souffle me manque, ses bruits de pas, terriblement réguliers, menaçants, martelant l'asphalte. Mon cœur bat, sa coulpe folle, sous mon chemisier, mouillé. Les quais sont trempés,  peur de glisser, cheveux mouillés, talons inadaptés. Adrénaline s'immisce, sueur pique, au coin des yeux. Pourquoi ai-je dit oui, puérilement, innocemment, par bravade ? Il se rapproche, ses enjambées sont plus grandes que les miennes … mais moins souples, pesantes. La pluie est-elle mon alliée ou le servira-t-elle ? Ses lunettes doivent être embuées. Une enseigne, là-bas, clignote, verte et mauve, 150 mètres, lettres, argent. Je ne distingue, pas encore, tout à fait, accélère dans la courbe, les bruits s'estompent, gagné ? Enfin, je distingue l'annonce « au p'tit chopineur – restaurant – bar à vin ». Soulagée, j'entre et reprend ma respiration, avant de demander : « nous avons réservé, pour deux, au nom de Paris ». Le maître d'hôtel marque un temps d'arrêt à l'écoute d'une sirène, puis me conduit à notre table, bien placée, vue sur le jardin, agréablement éclairé. Je l'avais bel et bien gagné ce pari idiot : le dernier qui, partant de la maison ensemble, arrivera à notre table, paiera l'addition. Oh, bien sûr, il va me dire qu'il a eu un accident, qu'un chat noir a traversé juste devant lui, déboulant de nulle part et qu'il s'est laissé chuter pour éviter de le heurter. Qu'après cette mésaventure, due à la seule malchance, il a ressenti des palpitations qui l'ont empêché de donner le meilleur de lui-même ! Il présentera au minimum cinq bonnes raisons qui expliqueront sa défaite ! Et moi je ne dirai rien, mais mon petit sourire accroché aux coins de mes lèvres lui dira que je ne suis pas dupe. Cinq bonnes minutes se sont maintenant écoulées et même avec un vrai croche pied de chat méchamment vicieux, il devrait être arrivé maintenant. Je me lève, traverse la salle bondée et  ouvre la porte du restaurant. Mon homme, ruisselant, titube devant une voiture de police au stroboscope affolé ; ses lacets sont dénoués, à la demande d'un petit flic malingre qui, manifestement vient d'opérer l'arrestation du siècle ! La main sur son arme, immeuble, semblable à la statue d'Alphonse XI de Castille, dit le justicier, il toise mon amour du haut de ses certitudes. Bien, tel que les choses sont parties, notre repas d'anniversaire en amoureux risque de prendre un tantinet de retard ! « Monsieur l'agent, …, s'il vous plaît, … »

 

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