A toi, mon amour, mon amant, T'aimer et ne plus savoir te regarder. Ne plus vouloir te regarder. Car ne plus y croire. Ne plus croire ce que disent tes yeux...Fatiguée, je suis fatiguée. Epuisée par tant d'années de souffrance, d'abnégation, d'oubli de moi-même. Juste vivre pour toi et par toi. Survivre plutôt. Dans le mensonge. Dans l'humiliation de la confiance trahie. Revenir en arrière et me souvenir du début de la maladie, il y a 5 ans déjà, il y a 5 ans seulement. De traitements en internements, sans cesse tu promettais de bien prendre tes médicaments, de bien suivre tes thérapies, de bien écouter ton psychiatre... Paroles au vent. Paroles en l'air. Paroles de malade dans le déni de sa maladie. Cette maladie frappe n'importe qui, n'importe quand... au hasard du destin de chacun. Cette maladie mentale t'a frappé toi, et, forte de mon amour, j'ai cru avoir le courage de me battre contre elle. J'avais cru qu'ensemble, nous allions l'apprivoiser à défaut de la guérir. Car cette salope n'a pas de guérison... il n'y a qu'une médication à vie qui peut la stabiliser... et les médicaments, tu es devenu expert à les manipuler, à me manipuler par la même occasion en me faisant croire que tu les prenais !!!Docteur Jekill et Mister Hyde... réduction sommaire de ton mal mais qui explique tout et surtout la souffrance des proches, dont moi qui suis en première ligne. Alors, je me voile la face pour essayer d'avancer encore un peu, de tenter d'y croire encore un peu...Je te voile la face pour ne plus voir les mensonges dans tes yeux, pour ne plus être confrontée à toutes les sournoiseries que ton regard n'arrive plus à camoufler. Oui, dans ces moments-là, quand je me sens soudain fragile, quand j'ai envie de me blottir dans tes bras comme autrefois, quand j'ai besoin d'un peu de chaleur, quand le fardeau devient trop lourd, les larmes trop fluides, le cœur trop triste..quand de forte, je deviens faible... dans ces moments-là, je ferme les yeux, me créant l'illusion de ce voile sur nos visages pour ne plus rien voir, pour seulement ressentir un peu de paix.. rien qu'un peu de paix.