Né d'un sombre éclair,
Jailli d'on ne sait où
Dans un éclat de voix, l'ennui.
Il regarde à la dérive, canalisé
Dans ce courant qui s'enfuit, figé
Devant temps de folie, sage
Comme le pion de ce jeu.
Il avance sur cet échiquier,
Vers ces phrases d'où on le fuit.
Il apparaît en visage
Contrit de joies gâchées,
S'incruste profondément en chair,
Regarde défiler les mois, serein
De détenir la clef du feu
De l'envie dans son coffre de désespoir.
S'étouffe le temps, nuit après nuit,
Il invoque le vent et attire la pluie,
Scinde l'allant pour repeindre en gris
Le mur des jours désunis.
Il aime la clarté du noir
Comme abstraction de vision,
Se complait à laisser choir
La bondissante ambition.
Coulent des années sans gloire,
Avant l'éveil de l'esprit.
Il suffit d'une lumineuse inattention
Pour qu'il se laisse surprendre.
Pourtant confiné dans tous les plis,
Il va subir sans attendre
La divine et humaine sensation
Indicible du miracle de la vie.
En son sein, vient d'éclore
Dans un champ déporté,
Un autre éclat qui luit.
Voilà donc qu'il déplore
Tout ce temps avorté,
Arborant au décor
Une mine réjouie.
Rien ne peut-être mort,
Il s'éveille pour un cri.