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Les premières neiges ont illuminées ce soir les toits sombres de la ville. Un collier d'or, vestige de la mère partie, serpente sur le tapis écarlate avec sa tête en forme de cœur qui darde encore sur moi une passion immobile que je nuis repousser ni étreindre.

Le bleu qui s'inscrit sur le sang de ma chair est noir. Il s'agit d'une portes aux gonds rouillés que je ne puis manœuvrer sans réveiller aussitôt la souffrance vive.

Les premières neiges, elles sont belles, elles illuminent d'une couleur nouvelle le boulevard où paît mon âme. C'est une artère commerçante où je peux passer du bureau-de-tabacs où j'achète mon journal au café du coin où je l'ouvre simplement, confortablement, les deux pieds sur la table, pour y cueillir le destin de la planète en attendant le vin de paille que j'ai commandé au garçon.

Entre les pages de politique internationale une charmante image d'un chien écossais à roulettes me fait penser au temps qui s'écoule trop vite. Bientôt la Noëlle, le chronomètre tourne et je n'ai rien prévu pour le petit prince. Il est apparu ce matin même, à ma porte, tout emmitouflé de laine et de fourrure synthétique. Son visage, à la semblance du paysage, offrait un avant-goût de l'hiver. L'éclat blanc des toits se reflétant jusqu'au-delà des nuages, le bleu de l'œil mouvant ainsi que le fleuve qui m'a bercé tant et tant au square des Résistants, et le noir du sol en guise d'écharpe, l'asphalte sombre taisant la parole de la terre juste en-dessous, deux lèvres tuméfiées qui ne savaient plus dire : « j'espère ».

J'ai ouvert mon pèse-temps à sa date anniversaire, le 17, c'est évident, et je lui ai dit : « je t'en prie, espère, cela est certain. »

Comme l'élève, autrefois, offrait à son maître une reine des reinettes, il me lança simplement un fruit que je n'ai su reconnaître, tant le supermarché de la place voisine y avait imprimé le sceau de la conformité. Je l'ai attrapé vivement, mais mon sourire lui a certainement paru aussi calme qu'un lac et aussi froid que la glace. Je n'ai jamais eu vraiment la pleine maîtrise de mon visage. Mais comme une corde retient au ponton le bateau dans la tourmente, ma main plus grande que son visage, y imprima, dans une caresse, la certitude d'un rassurant témoignage de ma fidélité douce et éternelle à ma fonction paternelle.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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