Automne finissant,
un soir de douce tiédeur,
c'est le moment peut-être
de respirer entières,
en ses odorants flacons ,
les senteurs molles de la terre,
c'est peut-être l'heure de suivre
l'évanescente vanesse
en ses ultimes prouesses
et d'admirer, juste un instant
ses ailes de feu déployées
aux crêtes acérées des feuilles.
Automne finissant
c'est le moment peut-être
de renaître
et prolonger
(croyant que tout se meurt)
la vie secrète des jardins,
emprisonner l'oiseau
en ses derniers bémols,
laisser mûrir le tournesol,
offrir ses graines à la terre,
ou en hiver
au peuple de l'air en disette...
Automne finissant,
c'est le moment peut-être
de se produire en spectacle
pour la tardive rosacée
qui va, soufflant en avant-scène
ses pétales, ses étamines,
salut au dernier cosmos
et aux lourdes noix
quittant bruyamment leur bogue,
comme la pomme son pommier
et comme au creux de mon panier
s'en va le lérot grignoter...
Automne finissant
quand le soleil est encore chaud,
c'est le moment peut-être
d'applaudir son dernier show
en son ultime tournée.
Comprends bien
que si je garde en moi toutes ces merveilles,
c'est pour qu'un jour elles t'étonnent,
qu'elles réveillent
et perpétuent
aux saisons de nous-mêmes
la vivance de nos hiers
et au printemps de nos hivers
les plus beaux fruits de nos automnes.