- Qu'est-ce qu'on a ?
- Femme, vingtaine d'années, multiples contusions, le légiste ne va pas tarder à arriver.
L'inspecteur Breno s'enfonce dans la pièce dont le mobilier, tourneboulé, indique clairement qu'une lutte féroce a eu lieu. Il se rapproche alors du corps immobile. Bien que les hématomes qui couvrent le visage émacié de la jeune fille lui retournent le cœur, l'inspecteur ne peut s'empêcher de penser que ce corps apaisé est tranquillement endormi, perdu dans les bras de Morphée. Reprenant du poil de la bête, il porte son attention sur les mains de la jeune fille.
- Vous voyez ça ? des traces de carbone, laissées par la détonation d'un revolver.
L'agent Fanchon inspecte la chambrée à la recherche d'autres indices et remarque rapidement un impact de balle sur l'un des murs.
- une balle est passée au travers à cet endroit.
L'inspecteur se rapproche de l'encoignure.
- Fanchon, prêtez-moi votre épaule pour m'aider à grimper.
L'adjoint s'exécute, et l'inspecteur entreprend de poser son embonpoint en équilibre instable entre l'un des meubles de la pièce et ce support improvisé.
- La balle est toujours là, elle fait corps avec la cloison.
Sans atermoiement, il sort de sa poche une petite pince avec laquelle il retire la balle. De retour sur le sol, l'inspecteur reprend haleine et confie l'objet à son adjoint.
- Vous donnerez ça au labo.
- C'est quand même paradoxal, note Fanchon. C'est elle qui avait un revolver, et c'est elle qui partira les pieds devant !
- C'est pas une raison pour vous dilater la rate, Fanchon, on va battre la campagne pour retrouver le salaud qui a fait ça.
Sur ces paroles, l'inspecteur Breno tire sa révérence et laisse son adjoint seul sur la scène du crime.