Dans la résidence des Bonnes Sœurs Cœur de Marie, flottait une odeur étrange ; un de mélange de réglisse, pastilles de menthe et carbone, à soulever le coeur des âmes fragiles. Pourtant on n’utilisait plus le charbon depuis bien longtemps comme source de chauffage.
Bon c’est pas tout ça se dit le Pépère Fanchon, il faut que je trouve le frigo. Moi j’ai la dalle et leur casse-crôute me bouche tout juste une dent creuse. Attention à la quatrième marche qui gémit sinon, je réveille toute la chambrée. Et si les braves dames me trouvent ici en pyjacourt monokini rayé façon tigre, elles auront la tête toute tourneboulée. Rien qu’à évoquer leurs visages émaciés à demi- caché derrière leurs mains, l’haleine courte et la colère gronder comme celle d’un pit-bull, mes lèvres ébauchent un large sourire. J’avance encore un peu à pas de loup, là ça y est je reconnais l’encoignure de la porte ; pourvu qu’elle ne soit pas fermée à clef. Mon Fanfan aucune d’hésitation ni atermoiements faufile toi dans la cuisine et Aie, aie aie …
Que m’est-il arrivé ? Pensai-je me tâtant un peu partout pour m’assurer que je n’étais pas blessé. Non un seule bosse sur le crâne et toutes les étoiles du monde ont étincelé. Je suis là gisant sur le carrelage de la cuisine, un carton enfoncé sur la tête. J’ai l’esprit qui bat la campagne. J’entends des rires qui fusent mais qui peut bien se dilater la rate de cette manière aussi vulgaire, alors que je suis presque mourant. J’ouvre enfin les yeux et « stupeur et faction » pour apercevoir les mémères du premier étage regroupées devant moi se penchant chacune à leur tour sur ma pauvre personne pour s’assurer que je suis bien dans les bras de Morphée. Elles m’ont pris pour un cambrioleur ; certes tous les soirs, je volais mais seulement dans le réfrigérateur ! Je suis si gourmand.
Reprenant du poil de la bête, malgré ma tenue tout juste décente, je m’assieds sur mon séant, leur montrant par la même que je ne sortirai pas les pieds devant, puis fais un ultime effort pour me remettre debout, et drapé dans une dignité que je suis seul à voir je leur tire ma révérence en passant au travers de ce mur humain.