Il était une fois … « un tiroir pour un dernier soupir »
Seuls me manquaient encore les mots qui pouvaient le dire !
Alors à toi qui a trouvé les clefs mais qui arrive trop tard,
Je vais expliquer ce que je fous dans le placard !
Sur l'éphéméride est figée la date de mon renoncement, c'était en juillet,
J''avais alors décidé de m'planquer dans le tiroir du buffet !
J' voyais plus clair dans l'avenir et y'avait plus de pile dans ma lampe de poche,
Mon futur se saucissonnait et tout espoir partait en brioche !
De confiture en déconfiture, j'avais perdu foi en l'humanité,
J'allais même plus prier ! D'ailleurs Dieu aussi m'avait abandonné !
Petit à petit j'ai plus eu faim, j'ai rangé les couverts,
J'me suis contenté de biscuits rances et de café amer !
Petit à petit j'ai plus eu soif, je trinquais à vide, c'était le bouquet !
J'ai laissé pourrir les fruits et confire le citron, en ruban de regrets,
Et puis mon ami, l'oiseau de paradis, s'est fait la malle, le malin !
J'ai essayé de sucrer ma blessure, de mouliner mon chagrin, en vain !
Il m'avait laissé son refuge, mais j' rentrais pas d'dans, dommage, dommage !
Il m'avait laissé une fleur, mais sa rose avait des épines, ça m'a mis la rage
Alors accablé, pour l'éternité, j'me suis oublié dans le fond d'mon tiroir !
Et d'un linceul dentelé, tissé en fils arachnéens de soie ivoire,
Deux escargots, lent' ment et surement, ont drapé à jamais mon désespoir !
Antoine frissonne :
Il ferme doucement la porte sur lui et sort.
Sur un panneau de bois pendu à un clou rouillé, on peut lire « terrain à vendre ». Le numéro de téléphone qui suit est illisible