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Un ru sanguinolent se fraie un chemin entre les touffes espacées de son crâne endolori… tout a été si brusque, si rapide…

 

Il franchit facilement tous les postes de sécurité, accompagné par la petite fille de son ex nouvelle amie.

Conduire la gamine à l'autre bout du pays est un bon prétexte pour ses petites affaires. Il profite de l'innocente frimousse de l'enfant pour déjouer l'attention des contrôleurs.

Il a endossé son plus beau costume gris pour la circonstance, histoire de faire bonne impression. Il tient fermement la main de la gosse qui enserre adorablement contre elle sa nouvelle poupée de chiffon, qu'il a patiemment garnie de chanvre.

Tout se déroule impeccablement, jusqu'à la traversée de ce centre commercial bondé. Il se laisse entraîné par le flux de la foule excitée, venue se faire dédicacer le livre d'un quelconque écrivain local. Soudain, la gamine est happée par un courant contraire. Il aurait dû la prendre dans ses bras pour éviter toute bousculade, mais il est trop tard et fait rapidement demi-tour.

Il perd de vue la chevelure rousse de la môme après avoir croisé une dernière fois son regard peu effarouché. Il n'eu pour toute dernière vision que les lourds ourlets du double menton du gros homme qui l'entraîne vers la sortie. Il est intimement convaincu d'avoir déjà aperçu cette silhouette.

L'a-t-il suivi jusqu'ici ? Est-il de connivence avec son commanditaire ou la mère ? S'est-il laissé manipuler aussi bêtement ? Il se met à grimacer amèrement. Essayer de les rattraper est vain, la foule noyant tout espoir de les repérer. Il se retrouve rapidement dehors.

A peine a-t-il le temps de s'en rendre compte qu'un violent coup lui explose les neurones et le prive de toute capacité de réaction. Il se sent soulevé de terre puis jeté dans un fourgon. Le passage à tabac qui s'en suit n'est qu'une simple formalité dans sa perte de contrôle de la situation. Il essaye bien de balancer quelques paroles imbuvables au milieu des vibrations indigestes qui secouent ses entrailles, aveuglé qu'il est par les faisceaux du véhicule dont il vient d'être extrait.

Son corps désarticulé est jeté sur ce tas de gravats où il gît maintenant. Il rassemble les dernières forces recroquevillées aux tréfonds de ses tripes, voulant pousser un appel au secours, mais ne réussit qu'à lâcher un son roque, plus proche de l'animal en train de feuler que du cri humain.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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