Tuer le temps qui passe à coup d'images floues
Ma vue lasse se brouille et mon cœur saigne tant
Maudits mots dits sans blason pliant sous le vent
Mon cou lâche se grippe comme un vieux verrou
Au royaume des sens, s'est éloignée ma vue
D'un récent passé, décent, m'a-t'on dit pourtant
A soixante-dix printemps c'est bien attristant
De sentir sa vie ainsi toute décousue !
Des images dégriffées parfois se croisent
Sans jamais dans mon esprit un instant s'ancrer
Valsent, par foi, les marionnettes de papier
Si lugubres, tant voilées et discourtoises !
Vois au loin le crépuscule levant son nez
Et le vent fougueux hurler de sa grosse voix
Que tu as fini enfin de porter ta croix
Vois ces années fuir mais crois en ta destinée.