Il s’avaient qu’écrire, ce serait désormais s’aimer car ils n’avaient pas le droit de se côtoyer. Ils embrasseraient le papier comme ils brûlaient de s’embrasser, ils attendraient la distribution du courrier comme ils s’attendraient sur le quai d’une gare. Ils s'étaient fait la promesse d'entretenir cette amour le plus longtemps possible, même si cela devait ne devenir qu'épistolaire... Il lui avait dit , en faisant cette promesse " Ne sois pas inquiète, je t'aimerai plus fort que ma Vie, je te couvrirais de mots interdits, je ne t'oublierais jamais, je serais toujours à tes cotés"
Personne ne lui avait fait une telle promesse .....
Au fil des mois, elle reçût, comme promis des dizaines de, plus jolies, aimantes, enivrantes les unes que les autres .... Elle les relisait souvent, en jetant en coup de d'œil à ce magnifique couple qui trônait sur son chevet ... Elle souriait alors ... Elle ne gardait en mémoire que certain passage des missives amoureuses .... " Mon cœur sera pour la vie, auprès de toi, mon étoile, la plus belle, la plus scintillante ….", " J'ai Aimé ces moments encore et toujours il faut les garder graver pour les mauvais jours", " Tu es mienne et je suis tien ..."," Mon corps dans le décor te réclame encore" .... Tant de mots qui résonnaient en elle, comme pour lui prouver qu'elle n'était pas seule.
Elle l'aimait d'un amour sans fin, bien sur elle doutait souvent, ses peurs la rattrapaient régulièrement .... Elle, si épicurienne, lui si cartésien .... Comment faire pour aimer loin, lorsque l'on aime le contact...Comment faire pour aimer la douceur de demain, lorsque l'on aime la douceur du matin...Comment faire pour aimer la chaleur du retour, lorsque l'on aime la chaleur d'un corps....
Pensait-il à elle aussi souvent qu'il ne le disait ...? Comment pouvait-il promettre de ne pas l'oublier dans les bras d'une autre ? N'était-elle pas qu'un jouet apprivoisé par des mots tendres ? Mais elle s'accrochait à ses lettres, à ces instants volés, et quand elle sentait que son esprit n'arrivait plus à s'accrocher à ses promesses, elle repensait au temps où ils pouvaient être ensemble .... Elle se souvenait de chaque détail : ses bras si doux, ses yeux hypnotiques, sa voix grave et suave, son rire tintant, ses caresses, ses baisers ....
Après plusieurs jours d'attente, un nouveau courrier lui arriva ...Comme à l'habitude, elle s'installa religieusement sur le confident beige clair, de façon à lire à haute voix, comme si, il était là, à l'écouter, à partager ce moment avec elle ...
Elle fut d'abord surprise car l'enveloppe contenait 2 feuillets .... Elle déplia la première lettre et lut:
"Chère Toi ,
Je t'aime... "
C'était bref, comme inachevé..; Intriguée, elle lut la seconde page :
"Chère Madame,
Je me permet de vous écrire ce jour à la place de mon mari , car il me semble qu'il vous aimait bien plus qu'il n'aurait pu m'aimer ... Et je pensais qu'il était de mon devoir de vous avertir ... N'attendez plus ses courriers , n'attendez rien de lui ... J'ai lu vos lettre enflammées, j'imagine les siennes. Il était doué pour écrire ...
Je suis désolée de vous l'apprendre mais aujourd'hui, je suis veuve et vous, seule ... Un terrible accident de cheval vient de nous le dérober ... Je ne vais pas pleurer, je me sens si humiliée, je vous laisse le soin de vous en charger. N'ayez aucune retenue, il n'aimait pas cela. Sachez que j'ai du respect pour vous , car je sais que vous l'avez rendu heureux ... Il était si souriant par moment, les yeux dans le vide ... Je me demandais souvent où il errait .... Je le sais maintenant ...Vous étiez son soleil, et moi je n'étais que la pluie "
Abasourdie, les larmes au bord du cœur, elle laissa tomber la page à terre, comme si elle venait de se brûler les doigts. Haletante, étouffante, et horrifiée, elle se laissa sombrer ....
Son prince charmant en avait décidé autrement .... Leur liaison n’était plus épistolaire mais devenait légendaire ...