Il m’en faut une, il m’en faut une !
Voilà des mois qu’il guette.
Rien aujourd’hui, encore.
Il va perdre son pari, c’est certain.
Pari stupide, s’il en est.
Lui si sûr de lui, quand il a parié.
Sinon, à quoi cela aurait servi,
Il n’aime pas perdre.
Jamais il n’a perdu.
Mais là, il est obligé de reconnaître…
La voilà, c’est elle, sur le trottoir d’en face.
Il la reconnaît, sa main ne tremble pas.
Clac, c’est dans la boîte.
Il a gagné !
« Papiers, s’il vous plaît ! »
Mais que, mais quoi ?
« Papiers, s’il vous plaît ! »
Qu’a-t-il fait de mal ?
« Veuillez nous suivre. »
Il remballe son attirail.
« Ne touchez à rien ! »
C’est à moi, je ne peux le laisser là,
On va me le voler.
« Pas d’inquiétudes, nous surveillons.
Suivez nous. »
Il les suit, ne comprenant pas ce qui lui arrive.
« Monsieur, tous nos remerciements,
Vous venez de nous faire gagner un temps précieux.
Grâce à vous, preuve est faite que les femmes de ce pays
Ne fument plus que des cigarettes électroniques. »
Quoi ? C’est quoi cette blague ?
« Nous étions au courant pour votre pari.
Nous savions que vous traquiez une fumeuse non repentie.
Nous avons surveillé vos gestes jours et nuits. »
Philippe reste sans voix,
Un coup d’œil à sa montre
Il va perdre son pari.
Messieurs, tout cela est très intéressant,
Il faut que je file.
Il court jusqu’à l’endroit où il a laissé son attirail.
Plus que vingt minutes,
Un quart d’heure, cinq minutes,
Une minute, cinq secondes,
Plus qu’une, il n’y a plus de matériel.
Il court à droite, à gauche,
Bouscule tout, tout est sans dessus dessous
Rien, le vide.
Une feuille de papier atterrit à ses pieds :
Merci pour ta patience.
Tu as perdu, mon vieux !
On t’a bien eu.
Pour te consoler, il nous reste un aveu à te faire
La femme que tu as photographiée