LUNDI : La maison est silencieuse, pire... vide. 8 heures viennent de sonner. Je me lève, arpente chaque pièce, un café à la main. Je vais vivre une semaine, seule, sans toi. C'est la première fois en 35 ans de mariage que nous sommes séparés. La crise, notre entreprise végète, tu cours après de nouveaux marchés. Une semaine sans toi, sans te parler, te toucher ni entendre le son de ta voix. Ce vide me donne le vertige.
MARDI : Je comble ma solitude. Depuis hier matin, je trie, range, lave, frotte, récure. Tout y est passé : le sol, les murs, vitres et miroirs, les placards de la cuisine, des chambres. Pas le temps de penser, à peine celui de manger. Hier soir, le potage fut rapidement avalé, un bain et la nuit m'a engloutie dans un sommeil profond. Aujourd'hui 14 heures, le travail se termine, j'ai grand besoin d'une collation. La journée est magnifique, et pour la terminer agréablement, je vais randonner en forêt.
MERCREDI : La maison sent le propre, pas de ménage à faire, un doux soleil se glisse entre les lames des volets de ma chambre. Je m'étire, rien ne presse. Peu importe l'heure du petit déjeuner : tu n'es pas là, je n'ai donc aucune obligation d'horaire. Pour ce midi, je sortirai une pizza du congélateur ( Tu détestes les pizzas.), puis je ferai un après midi "lecture/écriture" en écoutant Vivaldi, Mozart, Jaroussky, Pavarotti. Tu n'écoutes que Léo Ferré. J'aime beaucoup, mais 35 ans de Ferré non-stop..... !!
JEUDI : Mon amie Marie m'a appelée afin de me proposer une journée entre femmes. J'ai hésité, je ne me suis jamais autorisée une telle "aventure". L'heure du déjeuner, l'heure de ton retour le soir à la maison, l'heure du diner, autant d'obstacles, de contraintes qui ne me permettaient pas une telle initiative, et puis, sortir sans son mari, sinon pour les courses ou chercher les enfants, n'est pas dans nos habitudes. Mais Marie insiste.
VENDREDI : Merci Marie, quelle superbe journée : les boutiques le matin, un petit restau, l'exposition Boudin (la peinture te laisse de marbre), enfin le cinéma m'ont enchantée. Marie m'a ensuite invitée à prendre un verre chez elle, l'heure n'avait aucune importance, ma montre reposait sur ma table de nuit, quartier libre, pas de compte à rendre. Allez, c'est dit, j'appelle Françoise, je lui propose ce soir un restaurant de spécialités de poissons (tu ne manges que de la viande), puis le théâtre.
SAMEDI : Aujourd'hui, l'emploi du temps est simple : je prends la vie comme elle vient : pique nique en forêt avec Marie et Françoise, nous ferons la sieste, sous le soleil, nous écouterons chanter la nature. Marianne nous invite chez elle ce soir pour une fondue savoyarde. Fous rires en perspective.
DIMANCHE : le retour tardif..... un peu gai d'hier soir m'a engourdie, donc au programme : " journée pyjama", je ne me laverai pas, resterai dans mon vieux jogging, mes repas seront des plateaux télé, je ne répondrai ni au téléphone, ni à la porte si le cas se présente. Je m'octroie ce dont je rêve depuis tant d'années : le droit à la paresse au moins une fois. Eh bien, c'est aujourd'hui.
LUNDI : La maison est silencieuse, mieux..... calme et sereine. 8 heures viennent de sonner, je me lève, regarde, un café à la main, le jardin s'éveiller. Tu as pris la route très tôt ce matin, tu rentres chez nous. Je vais repenser aux menus quotidiens qu'il faudra confectionner variés, équilibrés, servis à l'heure. Je vais de nouveau t'entendre râler devant les journaux télévisés, écouter Ferré en boucle. Tout rentre dans l'ordre. Dans l'ordre ? Je n'en suis pas certaine. Alors, mon chéri, je t'aime beaucoup mais si le devoir t'appelle de temps à autre loin de la maison, surtout ne t'en inquiète pas...... je ferai face !!