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Elle rentrait enfin chez elle ! La journée qu'elle venait de passé avait été noirâtre. Caissière dans une petite supérette du centre ville, elle prit rapidement l'habitude de discuter avec ses clients, ce qui rendait son emploi un peu plus intéressant. Mais la tempête de la veille les avait rendu agressifs et méchants. Ils passèrent leur temps à râler sur le manque d'eau, de conserves, de papier toilette, en somme de tout.
Pour ne rien arranger, le brouillard matinal ne se leva pas. Il se contenta simplement de se transformer en un crachin qui ne présageait rien de bon. Irritant un peu plus les clients déjà affolés par l'annonce d'une prochaine tempête pire que la précédente. Elle détestait, les journées où les ciel restait couvert. Elle avait l'impression que telle une cocotte minute, le ciel était sous pression prêt à exploser.
Elle remontait tranquillement la rue dans laquelle se trouvait sa maison et peu à peu l'appréhension de le revoir grimpait. C'était chaque jours ainsi depuis leur rencontre. Elle vivait dans la crainte constante qu'il ne veuille plus d'elle. Elle avait conscience qu'elle ne lui apporterait jamais le tiers de ce qu'il lui offrait chaque jour. Un chiffon transportait par le vent qui se levait se posa sur son par-brise lui cachant la vue. Elle revint ainsi rapidement à la réalité. Soupirant, elle arrêtant sa voiture et enleva la guenille de son champ de vision. Elle parcourut en première, les quelques centaines de mètres  qui lui restait avant d'atteindre sa maison.
Elle fut surprise de constater qu'il avait nettoyé le jardin. L'herbe était tondue, les fils du hamac démêlés et les chaises du salon de jardin avaient retrouvé leurs pieds. Il avait même fait un petit tas rassemblant les ramures et les copeaux de bois qui, transportaient par le vent, s'étaient échoués là. Ainsi nettoyé, il n'y avait plus aucune trace de la tempête de la veille.

Elle vérifia sa coiffure ainsi que son maquillage dans le rétroviseur et lâcha un soupir, constatant sa mauvaise mine. Elle ne pouvait pas se montrer à lui dans un tel état ! Elle attrapa donc sa brosse à cheveux et se recoiffa. Ses longs cheveux raides devinrent électriques, elle ressemblait alors à une folle. Dans un souffle exprimant son dégoût, elle les aplatit en y passant la main.
Les graviers grinçaient sous ses pas, elle détestait ce son de verre écrasé. Dès qu'ils le pourraient, ils feraient un vraie allée en béton. En attendant, tout effet de surprise était vain. Levant les yeux, elle remarqua la présence de son aimé sous le auvent. Il paraissait complètement absent. Alors qu'elle s'approchait de lui, elle se rendit compte qu'il lisait. Absorbé par sa lecture, il n'avait toujours pas remarqué sa présence. Intriguée par ce qui le transportait autant, elle étudia plus en détail le roman qu'il tenait entre ses mains.
Horrifiée par la vision de cet homme lisant son journal, elle sentit la colère monter en elle. Il n'avait aucun droit de lire et elle s'y employait. Jamais elle n'y avait écrit une ligne devant lui s'astreignant à y apposer ses états d'âme lorsqu'il n'était pas là. Une fois ses peines soulagées, elle prenait grand soin de le ranger, camouflé sous son lit entre le sommier et le matelas.
Elle y disait tout. Elle notait les moments de joie qu'elle passait avec lui, mais également ses doutes et se craintes. Au début de leur relation elle y avait même expliqué que le charme qu'il exerçait sur elle était comme un envoûtement. Elle y racontait leur première fois et la jouissance de ses caresses. Ce journal évoquait sans subterfuge le bonheur dans lequel elle se trouvait depuis leur rencontre ainsi que le délice des moments passés ensemble.
Se rappelant ainsi ce qu'elle u racontait et ce qu'il était probablement en train de lire, une vague de honte s'empara d'elle. Un frisson lui parcourut l'échine remontant jusqu'à la base de son cou. Elle croisa son regard océan et comprit qu'il se délectait de ses mots. Elle ne put s'empêcher d'enfoncer sa tête dans ses épaules. Elle voulait  alors disparaître. La honte qu'elle ressentait alors était trop forte et elle sentit les vaisseaux de son visage gonfler. Elle était consciente que son visage devenait écarlate, mais elle ne s'attendait pas à ce que celui de son ami vire également au vermillon. Se rendant compte de l'absurdité de la situation, ils éclatèrent  tous les deux de rire.


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