Un coup d'œil furtif vers l'horloge de la cuisine, seulement 20heures 12.
Où peut-il être passé ?!
Je traverse rapidement l'appartement, de pièce en pièce, mais où s'est-il encore caché ?
Ça y est, je suis agacée. Ma soirée est fichue, par sa faute ! Pourvu que ma sœur n'ait pas l'absurde idée de venir me rendre visite. A coup sûr, je vais être désagréable. Je suis trop contrariée pour n'importe quelle discussion futile.
Il sait bien que je suis réellement perdue sans lui.
C'est vraiment mesquin de se moquer ainsi de moi. Il profite de ma vulnérabilité convaincu que je ne peux plus me passer de lui.
Pas de message et pas d'appel, mais enfin, pourquoi m'inflige-t-il cet angoissant silence ?
Déjà 23heures 30, je craque !
Il faut absolument que je calme mon irritabilité, sinon je vais faire une crise de spasmophilie, bien que ça ne m'est jamais arrivé.
Le mot magique : '' compensation '' pour duper l'anxiété.
Pour commencer, je choisi un paquet de ces délicieux gâteaux nappé de chocolat blanc et fourré à la gelée de framboise.
J'ai l'air de quoi, affalée dans le canapé en train de me goinfrer de féculent calorique ?! C'est bien la peine de transpirer en salle de sport deux heures par jour.
De plus en plus maussade, je me sers volontiers une coupe de cet exquis rosé fruité au pamplemousse, bien frai.
Du fond de la cuisine, j'ai l'impression que le frigidaire me tend deux longs bras aux mains largement ouvertes. Je ferme les yeux. Je les rouvre. Malheur, la porte du frigidaire est béante dévoilant tout les charmes de succulentes gourmandises.
Je vais encore craquer !
Je me précipite dans la cuisine et je me jette sur le plateau de fromage copieusement garni. C'est pas de chance, j'ai fait les courses la veille. Mimolette vieille, chèvre, gruyère, brie, roquefort, cantal, baby bel et comté semblent me sourire.
Je saisis avidement la mimolette, son parfum et son goût sont un ravissement pour l'odorat et le palais. D'habitude je la coupe en petits carrés, là, je croque dedans à pleine dents.
Me voilà maintenant assise par terre dos au frigidaire consolateur.
Le temps d'une gorgée de rosé et j'explore le congélateur. Il reste deux cornets de glace au cappuccino que j'engloutis goulûment.
Un dernier regard, un dernier yaourt aux fruits des bois, une gorgée de rosé.
Ecoeuré par la nourriture, je m'allonge sur le transat de la terrasse, sous la voûte du ciel étoilé. Les yeux larmoyants de fatigue et de tristesse, je me lamente.
J'aurai du me douter qu'il me laisserait tomber, déjà le mois dernier il s'est retrouvé en panne et sans explication il a disparu pendant, une journée entière !
3heures du matin, un regain d'énergie, pour avoir le dernier mot.
Je retourne tout les tiroirs des meubles à la recherche d'un indice. L'appartement n'est plus qu'un capharnaüm.
Abattue et épuisé, je me réfugie dans ma chambre. Profondément déçue, je me laisse mollement tomber sur le lit. Pour un peu j'en pleurerais. Je me recroqueville en tirant une couverture sur moi. Machinalement, je passe un bras sous l'oreiller.
Surprise, il est là !
La détresse fait place à l'euphorie des retrouvailles. Ce petit instrument magique réchauffe mon cœur. Lui qui me permet de rester connecté aux êtres qui me sont chers et qui habitent loin de chez moi.
J'avoue honnêtement, être redoutablement accro de mon mobile, qui pour moi est un trait d'union avec la vie, tout simplement.