Pendant que je m’adonne à mon secret, tu continues ton chemin droit, étriqué, mais je ne pense plus à toi.
J’erre parmi les collines rougeoyantes, je coule parmi les brumes ondoyantes, je survole les éthers phosphorescentes.
J’explore de nouvelles sphères où le temps est aboli.
Je te tuerai. J’aurai ta peau, en suivant le tempo.O toi, l’implacable, le redoutable, l’indétronable Chronos !
Je connais le secret pour oublier jusqu’à ta minutieuse présence. Et contre mon secret tu ne peux rien.
Tu as beau claironner chaque heure, chacune de ses moitiés, tambour battant, tu ne peux rien ;
Tu as beau cloaquer chaque minute, insidieusement, tu ne peux rien ;
Tu as beau tic taquer chaque seconde, imperturbablement, tu ne peux rien.
Et mon secret, quel est-il ?
Il est invisible mais me prend par la main pour m’emmener loin, très loin ;
Il est l’épaule sur laquelle je repose mon bonheur ;
Il est un état d’intense sérénité où seul mon plaisir subsiste.
Mon secret à moi s’impose comme un besoin vital d’aller vers autre chose. Me perdre pour mieux me retrouver.
Je sais que tu t’imposeras entre nous. Je sais qu’il le faut, qu’il ne peut en être autrement. Sinon, mon secret n’aurait plus lieu d’exister. Il perdrait toute consistance, toute son essence.
La réalité me happe au détour d’une lumière édenesque.
Ah ! Tu te sens le plus fort, le vainqueur !
Pourtant, tout ce temps passé aux confins de l’imaginaire, tu ne me l’enlèveras pas, jamais ! Et j’y retournerai quand mon secret en jugera l’utilité.
Quel est donc mon secret ?
Désolée, il est temps pour moi de lui rendre sa liberté, de déposer mon arme…ma plume.