Dès la naissance, noms, prénoms, poids et taille noircissent la fiche signalétique, mais aussi l’heure à laquelle nous avons vu le jour.
Pourquoi nous inscrire si tôt dans le temps ?
Pour calculer plus aisément notre ascendant astrologique ?
Connaître la position exacte des planètes à l’heure H ?
Bébé, des repères bien précis échelonnent nos journées : l’heure de la tétée, l’heure du bain, l’heure de la sieste, l’heure de la promenade, l’heure du coucher. On procède de même à la crèche, la halte-garderie, l’école. Effectivement, l’enfant ne possède pas encore la notion du temps. L’hier, l’aujourd’hui, le demain ne seront intégrés qu’à partir de l’âge de six ans.
Adulte, Chronos contrôle plus que jamais notre vie.
Le réveil sonne, programmé la veille. Nous prenons notre petit déjeuner, le nez suspendu à l’horloge. Tout est calculé, maîtrisé pour ne perdre aucune seconde. Courir, se dépêcher. Ne pas arriver en retard au boulot. Peur de se faire virer.
A midi, pareil. Trente minute pour manger. Puis se remettre au travail.
Le soir, retour à la maison. Trajet plus ou moins éreintant suivant la distance et le moyen de transport.
Les week-ends nous permettent de désamorcer cette bombe que représente chaque montre, chaque pendulette, tous ces cadrans à trois aiguilles qui produisent leur leitmotiv entêtant.Tic ! Tac ! Battements de coeur angoissants qui rythment nos existences.
Avec des enfants, ces deux jours de repos s’envoleront telles des chimères. Emmener le plus grand au foot, la plus petite à la danse.
Déjà lundi ! Rebelote ! Une nouvelle semaine à cavaler.
Enfin, les vacances ! Pratiquer le farniente. S’allonger sur une chaise longue, les doigts de pieds en éventail.
Bizarrement, certains n’y parviennent pas. Même s’ils ne sont pas obnubilés par l’heure, l’activité reste une de leur principale habitude. Un râteau à la main. Un pot de peinture pas loin. Faire ce que l’on n’a pas pu terminer faute de temps. Cela change du quotidien.
Ainsi passent les années. Toutes différentes. Toutes semblables.
Ce sont dans les détails que se situe la distinction entre chacune d’elle. Un imprévu vient parfois pimenter le quotidien : dîner au restaurant, visite d’amis. D’autres surprises moins agréables déstabilisent un équilibre difficilement acquis : maladies, accidents.
Le temps s’égraine et souvent, on ne s’en aperçoit pas. La preuve, notre étonnement devant un enfant qui grandit.
La retraite nous récupère. Finit la poursuite après l’argent. A nous les grasses matinées, les journées à se prélasser !
Dommage, en vieillissant, notre qualité de sommeil s’amoindrie. Nous voilà levés aux aurores. Entre les associations et le bénévolat, nous n’avons plus de temps pour la famille ou les soirées à lire confortablement installés dans le canapé tout neuf du salon.
Seule la mort nous délivrera de cette course effrénée. Définitivement. Une fois au fond du trou, le temps ne nous sera plus compté.