Misérable serf asservi à ton maître
labourant sans relâche les champs de chanvre épars
de l'aube à la nuit, ne pouvant avoir, ni être
tu t'épuises à la tâche en baissant le regard
Pitoyable esclave déguerpissant de honte
afin que tes enfants croient encore à ta gloire
ultime illusion d'un simple laissé-pour-compte
aux chemins de traverses ne laissant pas d'espoir
Face au frontispice où ils t'ont relégué
tu ramasses les pierres dénaturant la vue
afin que Monseigneur et sa Cour d'invités
n'égratignent point leurs petits petons joufflus
Dis-moi, pauvre fou, au milieu des tripailles
contestes-tu l'image que tu as de l'honneur ?
servant dans l'humilité ces immondes canailles
qui nient la valeur de ton si dur labeur
Bats-toi contre cette vie vide d'illusions
ces interminables litanies qui ne servent plus à rien
ton maître et sa concubine vivent de millions
et toi et les tiens, jour après jour, vous dépérissez de faim
Si tu t'arrêtais pour méditer sur ton triste sort
et ce que tu réserves à tes enfants chéris
tu brandirais la fronde pour affronter la mort
et ne t'humilierais plus face à ces bandits
Tu rêves de révolte, de devenir guerrier
charismatique héros à l'assaut des prisons
pour sortir de ce piège tous ceux qui ont osé
s'attaquer, avant toi, à cette soumission
Oubliés chaude-pisse, rage et malaria
oubliés mépris, indifférence et vanité
frères de misères, la rage au ventre, vous avancerez à grands pas
vers une liberté si méritée ....