Mais après une vingtaine de séances, le pauvre docteur ne comprenait plus rien à mon cas désespérant et désespéré. Il a formulé solennellement son diagnostic : mon sexe était purement et simplement indiscipliné. Il n’y avait malheureusement pas grand-chose à faire. D’un air grave, il m’a tendu une ordonnance. Le verdict est tombé. Renonçant à toute guérison, mon médecin passait la main à d’autres pontes, déléguant piteusement cette lourde responsabilité à des sphères plus mystérieuses. En bref, il m’envoyait paître ! Et devinez où ? Sur Vénus !!! Non, ce n’était pas un mirage ! Et ma déportation devait se faire sur le champ !
Une malédiction, je vous dis ! Une vraie plaie ! Vous allez rire mais croyez-moi, je ne sais plus quoi faire ni à quel saint me vouer. Voilà, je souffre d’érection permanente. Le priapisme en termes scientifiques. Enfin, je veux dire par là que je bande sans cesse. Nuit et jour, mon sexe est dur. Rien n’y fait. Il gonfle. Il ne peut rester en place plus de cinq minutes. En permanence, mon appendice est en mouvement ! D’ailleurs, toute cette activité est fort éreintante. C’est sûr, mon sexe va m’user avant l’âge s’il continue ainsi ! C’est pourquoi, j’ai tenté d’y mettre un frein au plus vite.
Mais, j’ai eu beau essayer, à maintes reprises, divers subterfuges pour combattre mes ardeurs. Rien n’y a fait. Il faut dire que je me délecte avec tant de volupté que je ne maîtrise plus rien. Mon sexe me guide. Il est tout autant ma malédiction que mon plaisir. C’est vrai, qu’au début, j’en étais arrivé à me dégoûter. Mon sexe n’en faisait qu’à sa tête. Il faisait irruption à tout moment, me mettant dans des positions fort délicates. Et puis, cette odeur putride qui s’en dégageait … C’était pire que la peste bubonique. J’en étais tout incommodé et gêné. Bref, j’avais fini par ne plus pouvoir l’encadrer ! Il m’avait tellement mis dans l’embarras qu’il me faisait désormais honte.
C’est sur ces entrefaites que je me suis décidé à consulter. C’était LE spécialiste en la matière. Le Docteur Ramico. Je lui ai raconté dans les moindres détails la raison de ma visite et me suis senti immédiatement soulagé de pouvoir partager, si je puis dire, l’objet du délit, celui qui me hantait jour et nuit. A la fin de mon exposé, le Docteur Ramico ne me parut pas le moins du monde embarrassé et m’assura d’emblée de la confiance qu’il avait à dompter le malotru.
Comme par enchantement et sur ordre express du Docteur Ramico, mon sexe et moi avons atterri sur Vénus. Au début de notre arrivée, nous n’en menions pas large. Intimidé par mes nouveaux compagnons d’infortune, je ne pipais mot. Quant à mon sexe, il ne bronchait plus. C’est vous dire !
Mais au bout de quelques jours, la vacuité de la vie était telle que je trouvais un formidable refuge : mon sexe. Il était devenu mon seul et unique objet de plaisir. Lui seul était capable de me porter dans les rêveries les plus fantasmagoriques. Oui, il faut dire que j’ai toujours été un garçon peu lunaire. C’est donc sans plus aucune culpabilité que je me laissais aller au gré et envies de mon fidèle et farfelu compère. La vie réserve parfois bien des surprises et je n’y voyais là aucune prophétie maléfique mais bien une véritable bénédiction …