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A l’aube du neuvième jour, la prophétie se réalisa : la Terre se vit purifiée de tous ses maux ; le ciel recouvra son édredon bleuté, les forêts leur longue chevelure verdoyante, et les couleurs safranées du sol lui conférèrent fertilité et abondance.

 

Ce fut, hélas, au prix d’une guerre d’une effroyable intensité entre les forces du bien, les « Waki » et celles du mal, les Strombo que l’on appelait communément les «prunelles du trépas » parce que dans leurs yeux se trémoussait la mort. Il avait été annoncé, dans le calendrier lunaire, que la prophétie se réaliserait en huit temps.

 

Au 1er jour, effectivement, les premiers signes d’un changement se firent ressentir. La lune se fit rousse et inonda la nuit d’un voile légèrement orangé.

Au 2ème jour, toutes les tribus de la planète virent la nature s’amputer de toute vie. Les ondes de la lune avaient irradié le sol et ce qu’ils prirent pour un émerveillement la veille se transforma en spectacle d’horreur le lendemain : les forêts avaient perdu leurs arbres, les graines plantées le jour de la Saint Volupté ne montrèrent même pas le bout de leur nez, et le ciel perdit sa couleur, se métamorphosant en espèce de bête grise aux dents longues.

Au 3ème jour, l’eau vint à disparaître des lacs, des rivières et des mers. Un Conseil fut tenu avec toutes les tribus de la planète, où un état des lieux désastreux fut présenté. Le chef de la tribu Waki, avait même fait déléguer le grand Sage du conté voisin qui, à ce moment-là, nous dévoila la grande prophétie qui était en train de se réaliser. Il était dit que les hommes, par leur comportement inconscient et irresponsable, égoïste et personnel, devraient se montrer dignes de ce que la terre leur avait apporté, ce qui n’était absolument pas le cas. En vérité, il faisait allusion à certains hommes indisciplinés de la tribu des Strombo qui cachaient de moins en moins leur ambition d’écraser toutes les autres tribus, en particulier celle des Waki, la plus importante, afin de régner en maître sur la planète. Le grand Sage avait donc prévenu la tribu la plus hostile que, malgré la situation délicate qu’ils traversaient, il faudrait se serrer les coudes et ne pas tomber dans l’infamie. Ceux qui survivraient à ce soudain chaos par la prière et le recueillement, oublieraient la vacuité de leur existence et connaîtraient le Renouveau.

Au 4ème jour, n’en tenant plus de ne trouver plus de denrées à leur portée, la tribu des « Prunelles du Trépas », toutes armes en érection, décidèrent de piller les cases des autres tribus qui, elles, faisaient des prières leur seule nourriture. De nombreux innocents furent massacrés, pire que lors de la précédente épidémie de peste qui avait fait d’énormes dégâts dans la population Waki. 

Au 5ème jour, toutes les vivres furent épuisées. Certains firent le choix de la déportation vers une autre planète, d’autres se laissèrent abattre, sans combattre ni même prier.

Au 6ème jour, la planète ressemblait à une sorte de trou nécrosé, totalement asséché, aux relents putrides et moribonds. Seul une sorte de cantique religieux semblait s’élever au dessus de la poussière.  Une dizaine d’hommes Waki, que l’on appela plus tard « les résistants de la dernière heure » avaient trouvé refuge dans la prière au fond d’un gouffre.

Au 7ème jour, ils sortirent de leur recueillement et découvrirent un paysage de guerre : des tas de corps amassés à même le sol, tout recroquevillés, semblaient déjà se décomposer.

Alors qu’ils allaient reprendre leur dernière prière, au 8ème jour, une immense plante verte se mit à pousser au beau milieu de ce paysage désertique. Cette plante, qu’ils prirent d’abord pour un mirage, se mit à grandir inexorablement vers le ciel entrainant dans son sillage tous les corps qui disparurent miraculeusement.

A l’aube du 9ème jour enfin, de désert, l’univers se transforma en oasis. Le mal avait totalement disparu. 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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