Entre les croquis et la toile, la couleur fait foi de tout, la couleur crée l'émotion et laisse jaillir l'étincelle de la création. » [Normand Reid]
Ma planète, c’est la teinte automnale par excellence, l'orange, avec ses feuillages flamboyants qui nous inondent de chaleur et de lumière dans un dernier soubresaut avant la saison morte. En son centre, lunaire, je me retrouve. Au plus profond de moi, elle me permet de sentir, de saisir, de choisir. Ses sens m’éveillent, et cette teinte sensuelle et gracieuse, m’épanouit. Ma vie s'arrondit en elle, comme la citrouille, le melon, l’abricot ou bien encore la mandarine. J’aime me noyer dans ses nuances plus foncées de rouille, terre ou de brun qui m’apporte confort et sécurité, une sorte de retour à mes racines, au sol, bien commun de notre humanité.
Plus fort que tout langage - le langage restant trop pauvre et trop imprécis face à cette multitude de tonalités -, ce reflet d’un équilibre fragile m’attire. Particulièrement les déclinaisons de nuances chaudes et brillantes que l’on retrouve dans les terres lointaines : de la terre sienne naturelle à la terre rouge vénitien, en passant par l’ombre brûlée ou bien encore l’ocre havane. Ces pigments intimes, accueillants, parfois même vifs apaisent pourtant mes sens. Ils me rassurent. Et je me laisse bercer en demi-teinte par ces innombrables touches colorées.
Couleur du feu pour certains, couleur de la robe safranée des moines bouddhistes pour d’autres, plaisir et désir associés aux épicuriens encore, l’orange, pour moi, est tout simplement la couleur de l’apaisement, du bien-être et de la bonne humeur. Après être passée par différentes reliefs, de la douceur de l’enfance rose bonbon ou rose dragée au noir d’encre de la grisaille de l’adolescence, mon histoire maintenant, se décline de l’ocre jaune à l’orange safrané.