Je déposai mon livre : « La dame de Volupté » d’Alexandre Dumas et allai observer cette construction presque terminée. Il restait à installer les perchoirs et les pondoirs.
Assise sur la terrasse à l’arrière de la maison, j’observais l’érection de ce nouveau poulailler chez mes voisins.
Luc, le père de madame venait vivre auprès de ses enfants après son veuvage. Il avait connu la déportation durant la guerre. Personne n’aurait pensé qu’il survivrait à sa Madeleine.
Sa fille lui avait délégué tous les pouvoirs pour ce coin du jardin. .
Luc n’était pas un indiscipliné. Bien au contraire, il continuait calmement toute la journée. A 85 ans la prophétie du vieux moine se réalisait enfin. Madeleine lui avait toujours refusé un élevage de volailles.
Une semaine plus tard, la mangeoire était installée. Le sol était couvert de paille fraîche et du marché agricole, Luc avait ramené cinq Bresses-Gauloises, de bonnes pondeuses, ainsi qu’un coq.
Luc s’était bien documenté tout au long de sa vie. Et dès le lendemain, il ramassa cinq œufs. Et les jours qui suivirent également quatre ou cinq œufs chaque fois.
Mais Luc n’avait pas prévu la peste aviaire. Il dut laisser les bêtes enfermées pendant une longue période. L’été, une odeur putride effleurait nos narines.
Une poule s’était mise à couver et Luc avait bien compris. Il fallait attendre moins d’un mois lunaire pour voir les poussins. Avant cela, il fallait pratiquer le mirage des œufs. Après un tiers du temps, les observer à contre-jour pour s’assurer de l’état de leur contenu. Certains étaient retirés à cause de leur vacuité.
Les poussins furent malheureusement attaqués par les chats. Luc dut également combattre les
acariens qui provoquaient la gale des pattes.
L’antibiotique versé tardivement dans l’eau ne permit pas de sauver les volailles.
Déçu, Luc abandonna l’idée de l’élevage.