Chaque semaine Dominique et Brigitte passent l'après-midi du mardi à se promener par monts et par vaux. Souvent un autre circuit leur permet de découvrir les beaux coins de leur région.
La forêt domaniale est suffisamment étendue pour varier les plaisirs.
L'allée centrale au milieu de ce temple de la nature mène au lieu-dit : Chêne du Rendez-Vous, même si le vieux chêne n'est plus, usé par les affres du temps.
A gauche, le chemin de la Lyre les conduit en amont de la Vesdre et à droite, entre bois et pré, elles peuvent rejoindre le barrage de la Gileppe, descendre vers la Borchène et traverser le village de Goé.
Les sapinières alternent avec les chênaies et les boulaies. Selon la saison, elles découvrent une flore composée de muguets, de myrtillers ou de fougères.
Les cèpes comestibles côtoient les amanites tue-mouches vénéneuses et les phalloïdes mortelles.
Près de la propriété du château de Goé, une porte basse, comme si on voulait pénétrer dans les entrailles de la terre.
- Pchttt, dit Dominique, n'as-tu rien entendu ?
Brigitte tend l'oreille et fait la moue. Non rien dit-elle.
Derrière cette porte, elles entendent à nouveau du bruit. De légers cris étouffés qui s'accentuent. Non pas des piaulements, peut-être un chicotement ou un couinement.
Les taupes font-elles du bruit en fouissant le sol ?
Les mulots et les surmulots guoirent. Serait-ce une musique enregistrée pour tendre un piège aux oiseaux ? Mais, dit Brigitte, c'est l'entrée de l'ancienne glacière du château.
Crois-tu que quelqu'un puisse se cacher là ? Dans quel but ? Un SDF ou le doux ronflement d'un être humain qui cuve son alcool ? Un drogué qui n'est pas encore sorti de son euphorie ?
Alors, n'en pouvant plus, Brigitte pousse la porte qui n'oppose aucune résistance. A l'intérieur, des lapereaux détalent rapidement en clapissant de plus belle. Dans cette garenne fermée, ils étaient six à se blottir à la sortie de leur terrier.