Elle est là absorbée, silencieuse et rêveuse dans ces nuits trop longues et sombres comme dans un nid d’aigle plein de braises. Elle est troublée par les charges d’orage qui scintillent autour d’elle. C’est une nuit de fer traversée d’éclairs. Une nuit comme tombée de la pointe de la foudre.
Même si elle somnole, elle reste éveillée. Un bruit qu’il lui semble entendre quelque part dans les autres chambres, la hante et la dérange et lui donne des frissons sur l’échine.
La nuit marche au grenier, la nuit frotte son museau sur les vitres des fenêtres et elle a peur.
Elle pense à l’élu de son cœur, si au moins il était là ce soir ! Viendra –t il ? Ne viendra-t-il pas ?
Elle sait au fond d’elle-même qu’il ne reviendra jamais. il ne lui a laissé qu’un stock de regrets,devenus des ombres qui traversent a tout moment les murs de sa chambre dans des bruits incompréhensibles.
Elle ne cesse de se morfondre mais aucune main ne vient toucher à son visage pour la rassurer qu’elle n’est pas seule, qu’elle a compté pour quelqu’un qu’elle a été bête et idiote d’aimer aveuglement ?
Dans ses rêves éveillés, tantôt elle se voyait, esseulée sur les dunes qui lui arrivent jusqu'à la poitrine, à supplier la lune de l’en sortir de sa tombe de braises…
Tantôt danseuse juste pour le plaisir de danser, de tourbillonner, de s'envoler comme une hirondelle vers un monde plus paisible, un monde meilleur, sur une île de soleil.
Elle se meurt en silence, comme une larme oublié sur la joue d'un enfant. L'amour l'a rendu aveugle.
Une ombre se dresse aussitôt devant elle, qui ne lui livre pas son visage .elle recule en arrière, hurle, puis le vent ouvre la fenêtre et elle tressaute. Envahie par la peur, se couvre de ses mains le visage.
Enfermée dans une cage luxueuse et dorée et pour oublier ces drôles de bruits qui changent de son à chaque fois ; elle ne fait que penser à cet amour plus rêvé que vécu, elle s'est mouillée de larmes jusqu'à la poitrine, à trop y penser, à trop y rêver, elle a du se perdre quelque part entre son monde de chimères et la réalité.
On lui conseillé de ne pas s’enticher de ce gai luron, ce bohémien errant qui l’a envoûté juste par sa poésie, qui ne connaît rien a l’amour mais elle n’a pas voulu écouter la sagesse de la raison…son cœur trop sensible l’a entraîné sur les chemins asilaires…
Et voila tout ce qu’elle a bâti dans si peu de temps, tous ses projets à dessein, toutes ces heures passées, recroquevillées dans son souffle, à s'étouffer volontairement, à se meurtrir inconsciemment s'éparpillent en fumée, maintenant elle perd patience. Les bruits l’agacent, elle implore le jour d’y paraître…vite
quelques minutes plus tard, un ange qui la longtemps admiré pou son incrédulité et son courage est venu dans un songe, lui ouvrir les yeux et lui remettre la clef magique de sa cage alors toute heureuse d’être enfin femme libérée, elle a pris son envol en plein nuit avant les douleurs de l’aube.
Elle s’est abandonnée dans l'inconnu, sans que personne ne le remarque. Elle a fermé les yeux et s’est assoupi. Les vêtements en maille, les cheveux en pagailles et la vie qui détalle comme une voleuse, une fauteuse, une malchanceuse qui passait par hasard. Elle s'enfuit en courant, heureuse d'être enfin libre de ces bruits et ces regrets déguisés en fon tomes qui la hantaient dans des sons de bruits… Elle s'enfuit vers ce qui lui reste, le néant et le reste... Elle s'enfuit, comme une petite fillette qui venait d’apprendre la leçon du mal qu'on lui a fait. De cette nuit apocalyptique il ne reste qu'un lointain souvenir d’un calvaire et d une souffrance qui ont pris fin comme toute vie….