Mon refus total de reconversion dans une vie dite « classique » explique sans doute l’anathème qui pèse sur moi, mais qu’importe, je continuerai à vider mon encre sur tous les murs de la ville, et aussi longtemps que je vivrai sur cette planète.
Gribouiller, c’est tout ce qu’il me reste pour cracher tous ces nœuds qui s’entremêlent dans mon estomac formant tour à tour des charades dont il est improbable, d’ailleurs, que j’en découvre un jour la signification profonde.
A l’école, déjà, tous mes professeurs voulaient me mettre sur une voie de garage : faire des formations de plombier, de menuisier, de pomiculteur, ou je ne sais quelle autre débilité encore pour quelqu’un comme moi qui n’a d’autre passion que le dessin ! Il n’y a que les tags qui m’intéressent : j’aime doser savamment mes bombes et refaire « vie » à tous ces murs plus étouffants les uns que les autres, qui déshonorent notre environnement. Et puis tagger n’est pas pire que de mâchurer notre paysage doucereux à coup de tubulures ou autres disques en acier qui se propagent ça et là tous les jours un peu plus, défigurant ainsi notre si belle nature ! De toute façon, même sous les pires supplices, que ce soient des chatouilles ou même des tortures plus violentes encore, je continuerai mon action. Parfois même, je m’amuse à diluer mes peintures au vinaigre pour que ça leur soit plus difficile à nettoyer... et ça marche ! Tiens, l’autre jour, j’ai dessiné sur un mur en pleine ville un superbe ciel bleu avec des enfants tournoyant sur des tourniquets pour qu’ils se souviennent tous de ce que c’était la vie avant... D’avant les fumées noirâtres de nos usines polluantes, d’avant leurs ambitions inavouées qui ont mis à mal notre Terre... Seul un dieu miséricordieux pourrait peut-être balayer tout ça. En attendant, je m’en occupe !
Zéphyr le tagueur fou, le 19 octobre 2006.