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Je vous parle d'un temps que les moins de cent ans ne peuvent pas connaître, Perrine en ce temps là était servante chez un riche bourgeois; monsieur Lecuré. Elle fut par lui souillée mais c'est pourtant sur elle seule que retomba l'anathème. Les femmes du village se liguèrent contre la jeune fille et lui interdirent de se présenter à l'élection des rosières, recrutées chez les enfants de Marie  toutes de bleu et blanc vêtues.
Perrine avait vingt ans, elle était enceinte et rejetée de tous.
L'abbé Paul qui avait en charge la paroisse où vivait Perrine, appréciait beaucoup la jeune fille. Il blâmait ouvertement le comportement si peu chrétien de ses ouailles et vint en aide à la future maman en la recommandant à une de ses parentes.
Bien que blonde naïve et sentimentale, Perrine savait lire et écrire. Un savoir fort apprécier des dames de la capitale qui  quelques fois recherchaient une gouvernante érudite afin de lui confier leur progéniture.
Perrine fit son balluchon et en fille vaillante, comme la voulait sa mère, elle fut accueillie chez les Mécréant qui tenaient un commerce de luminaires.
Domitille et Charles Mécréant étaient d'honnêtes commerçants, dévoués à leur clientèle ne comptant pas leur peine et encore moins leur temps. Ce qui laissait  à Domitille  peu de disponibilité  pour ses enfants Anaïs et Pierre. Pas de temps pour les gros câlins, pour jouer aux charades, pour faire des chatouilles,  pour apprendre des cantines, pour lire des belles histoires, écouter les derniers disques d'Enrico Caruso, ce formidable ténor au timbre dosé et doucereux … Bref! Tous ces instants que les petits enfants  ne réclament pas toujours et qui leur sont tellement nécessaires.
Ce que Pierre aimait surtout, c'était écrire à l'encre violette avec la plume "Sergent Major"! Celle qui faisait des livres de compte de son papa une œuvre d'art, en soulignant les pleins et les  déliés de l'écriture cursive. Sous le regard émerveillé d'Anaïs, il gribouillait d'improbables chiffres que sa mère conservait avec un orgueil inavoué dans son secrétaire.
Bien évidemment, Perrine finit par mettre au monde un beau gros garçon qu'elle prénomma Charles. Les Mécréants très satisfaits de sa coopération dans l'éducation de leurs enfants lui proposèrent de rester. Ainsi éleva-t-elle son fils qui devint le frère de soupe des enfants Mécréant.

Et le temps qui n'avait rien d'autre à faire passa…

A cause de la bêtise et de la haine, Pierre et Charles se retrouvèrent embrigader dans une troupe de pauvres types qui partaient pour ficher la pâtée à d'autres pitoyable troufions mais tous, tous, espéraient que c'était "la der des der".

Charles PEGUY disait:

- Je pars soldat de la République pour la dernière des guerres, la Paix universelle et le désarmement général » (ce qui reste encore un vœu pieu)

Le destin n'est pas toujours miséricordieux, il peut se montrer impitoyable, et ses nœuds sont quelques fois mystérieux pour les âmes simples qui rêvent de sauver la planète...
De pomiculteurs du Mont Saint Hilaire, ils se retrouvèrent par une hallucinante reconversion, poilus à Verdun.
Défonçant de pauvres pommes qui déversaient leur résiné. La grande faucheuse  traversait le terrain.
Pour elle les hommes avaient mis en marche le tourniquet  du hasard. Les petits villages de la Meuse n'étaient plus que tubulures calcinées, la ration de "pinard" se transformait en vinaigre et même en juillet le zéphyr n'était que bises glaciale. Ils y laissèrent leur peau au milieu de tant d'autres.
La seconde guerre mondiale eu lieu et il y en a toujours une nouvelle  qui éclate dans un coin du monde ce qui n’est pas étonnant puisqu’ainsi, dès 1918 ils ont repris leurs idées de civils en même temps que leur veston... comme le dit Jaques MEYER
Et l'on sait combien le "civil" manque d'urbanité.

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