Je gribouille cette petite lettre sans savoir si un jour j'aurai le courage de te la remettre.
Mon amour, je pense souvent à l'encre bleue de tes yeux qui coulait le long de tes joues le soir où nous nous sommes quittés.
Le doux zéphyr souffle ce soir comme le premier soir où nous nous sommes rencontrés.
A présent, je suis sur une autre planète tellement loin de toi, j'ai un nœud qui me serre la gorge et m'empêche de pleurer.
Quand pourrais-je te revoir ? Juste pour un instant un tout petit instant. Aujourd'hui je pense encore à toi.
Mon amour, quand pourrais-je passer ces derniers moments de bonheur en ta compagnie.
Très vite je l'espère, même si je sais que mes espérances sont devenues ce soir presque improbables.
Ce soir en pensant à toi, mon cœur n'a fait qu'un tour, comme ce tourniquet que les enfants font tourner et puis arrêtent brusquement.
Aujourd'hui, les tubulures qui nous unissaient toi et moi ont-elles été véritablement brisées comme ces disques des années soixante dix que tu aimais tant ?
Ce soir ma chérie, tu es partie mais moi je te le dis sans faire de charade : JE T'AIME.
Je t'aime malgré tout ces bleus qui saignent encore dans mon cœur.
Et si ce soir j'ai préférer t'écrire, c'est tout simplement pour ne pas qu'une ultime rencontre ne tourne au vinaigre, mais je ne veux pas que cette dernière pensée que j'aurai envers toi reste inavouée.
Ce soir, je le sais, je n'ai pas doser mes mots pour te dire combien mon amour est miséricordieux.
A cet instant, je voudrais penser à toi, l'heure de ma reconversion éternelle est proche.
A l'heure où tu me liras, ma chérie, les pomiculteurs feront leurs récoltes.
Et moi une dernière fois, je te dis Adieu, avec un regard doucereux, le zéphyr chatouillant une dernière fois mes cheveux. Ce soir c'est sûr je me tourne vers Dieu.