Il faisait vraiment chaud ce jour-là. Je me promenais sur la plage, admirant la mer "aux reflets changeants"...
Soudain, l´envie de marcher pieds nus ! Au contact de ce sable si brûlant, j´éprouvais une impression étrange, celle d´un « déjà ressenti », d´une certaine continuité...
Mon esprit s´envolait, je délirais, je ne savais plus !... Dans le dédale de mon inconscient, un souvenir incroyable m´envahit ; je me voyais marchant sans relâche « sur un sable brûlant » ! J´étais une petite nomade prisonnière du désert, entourée de chèvres et de dromadaires ! J´avançais lentement, luttant contre le vent, au rythme de la caravane.
Cet univers impitoyable s´étendait à perte de vue, hérissé de dunes basculées par les tempêtes !
Nous étions partis à l´aube, avant que le soleil ne soit de plomb très haut dans le ciel. Maintenant, la chaleur commençait à nous envahir, usait nos dernières forces. Par moment, je titubais, ivre de fatigue ! Mais il fallait absolument avancer, toujours avancer pour atteindre ce point d´eau : « Notre eldorado ». J´étais résignée ! Je savais que c´était la terrible loi de notre survie.
Brusquement, une rumeur parmi la caravane de tête :
- Les premières herbes !
Cela veut dire que nous approchons ! Ivre de joie, je ne sens plus ma fatigue, j'ai besoin de courir, courir, droit devant moi, sourde aux appels de mes parents... Je sais qu'il ne faut pas s'éloigner, mais je ne crains rien, mon envie d'enfant est la plus forte, il faut que je me roule sur les dunes, que ma joie explose !
Mais que m'arrive-t-il ? Le sable, partout le sable, il me fouette, en un instant, il m'encercle, tourbillonne autour de moi, je ne vois plus rien, j'étouffe...
- Eh, madame ! Réveillez-vous ! Que vous est-il arrivé ?
Des personnes se penchaient sur moi, me tapotaient les joues...
- Qu'est-ce que je fais, allongée par terre ? Où suis-je ?
- Vous êtes sur la plage, on vous a vue de loin, avancer, avancer vers la mer, on s'est inquiété, y pas idée, à votre âge, par cette chaleur ! C'est pas raisonnable ! Vous avez dû faire un malaise.
La vision avait disparu, je revenais à mon présent. On m'aida à me redresser, je foulais à nouveau le sable de la plage qui, maintenant, me semblait presque froid !
L´espace d´une seconde, j´avais soulevé un coin de voile d´un temps d´une autre moi-même...
Hallucination ? Karma ?