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Il était une fois,

Il y a fort longtemps,

Un gentil damoiseau

Qui s'éprit d'une gente dame.

Pour lui, ce monde

N'avait rien de plus beau…

Pour lui, la ronde

Des jours embellissait l'âme.

Il écrivait, jouait, chantait

Des ballades bucoliques

A n'en plus finir.

La belle, en sa poivrière, accoudée,

Laissait monter à elle les stances

Que son baladin en joie

Lui livrait sans faillir.

Même si cela ne plaisait guère

A son père qui envoyait sa clique

Régulièrement pour déloger

Le passereau de circonstance,

Elle se laissait charmer

Par les mélodies variées de son solitaire, Délivrant son cœur à tous les vents.

 

Un jour, plein de hardiesse,

Il lui proposa de la rejoindre

En sa chaste chambre perchée

Pour lui livrer ses poèmes

Qu'il avait écrit avec tendresse.

 

Le soir, quand la lune commença à poindre, Il arriva tout harnaché.

De la hauteur, il n'en faisait pas un problème.

A l`aide d'une arbalète,

Un long grappin il lançait.

Ratant sa cible d'une coudée,

Il faillit bien le reprendre sur la tête.

Mais qu'à cela ne tienne,

Il s'arma d'une nouvelle tentative.

Bloquant sa respiration, il visa preste

Et tira vers sa dulcinée.

La chance lui sourit. Il fit mouche.

Sa belle, en écart de la scène

S'arrangeait de façon hâtive,

Tandis que le bellâtre grimpait

En rêvant secrètement de sa couche.

Dieu que c'était haut !

Heureusement, une douce brise

Tendrement le berçait.

Il n'en fut pas moins quelque peu épuisé Quand il atteignit enfin son but.

 

 

 

Il jeta un regard dans la chambre de son exquise Tout en enjambant le rebord De la fenêtre de sa destinée.

Il prit son luth, d'un accord

Fit vibrer ses cordes en intro…

La belle tressaillit aux premières notes De peur qu'un garde n'entende Le ramage de son bel oiseau.

Elle lui demanda discrétion

En se rapprochant de sa fenêtre.

Il lui murmura entre ses quenottes

Les mots formulant sa demande.

Sortant un bouquet de son fourreau

Il lui fit clairement part de ses intentions.

Qu'elle ne le juge pas sur le paraître.

Il n'avait certes pas haut rang de noblesse, Mais tout de même un fief dans un grand vallon.

 

La lune déclinant, le temps presse.

Voilà qu'il s'élance d'un bond,

De toute sa prestance,

Transporté par son amour aveugle.

Soudain, la porte s'ouvre violemment,

Livrant le passage au père

Qui, ivre de colère, beugle,

Alertant sa cohorte pour lui prêter assistance.

Poussé par son élan,

Perdant ses points de repère,

Le prétendant en haut vol,

Se laisse porter par cette vision :

Sa belle lui souriant stupidement,

Le vieil hirsute tout en fusion

Voulant le choper au col

Et lui se débattant.

Le bouquet à la main,

Il fait signe à sa donzelle,

Bondissant par la fenêtre

Et ratant son grappin.

 

Ah ! Que la nuit est belle…

Sans le laisser paraître,

Il entame un autre refrain

Pour amortir sa chute.

Son luth dans une main,

Le bouquet toujours dans l'autre,

Il s'écrase comme un coing

Trop mûr sur le parvis.

 

Le père jura qu'elle en verrait d'autres, Mais choisis par ses soins Et non pas en catimini.

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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