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Il était une fois un grand garçon qui habitait une grande ville, le plus laid qu’on eût su voir ; son père en avait honte, et son grand-père regrettait qu’on ne l’ait pas noyé à la naissance. Il ne s’habillait qu’avec les vieux vêtements de son père, évadé de prison, qui l’enlaidissaient davantage si bien, que partout on l’appelait Grand bagnard.

  Un jour son père ayant refroidi un policier et fait un casse, lui dit :

- va trouver le vieux, car on m’a dit qu’il avait une planque, porte-lui les biffetons et le flingue du poulet.

 

Le grand dadais prit tout son temps pour rejoindre le croulant qui habitait juste en face car il en avait marre qu’on lui file toujours les sales besognes. En traversant la rue, il tomba sur un voyou, qui eut bien envie de lui piquer sa valise ; mai s il n’osa, à cause d’un gardien de la paix qui passait juste à ce moment là. Il lui demanda d’où il venait ; Grand bagnard, qui avait reconnu le petit voyou, lui dit

- non, non, je ne viens pas de chez mon vieux qui a toujours chez lui l’oseille et le pétard du flic qu’il a dessoudé et qui aurait bien voulu s’en débarrasser chez grand papa.

- demeure-t-il loin d’ici ? lui demanda le voyou.

- oh ! Non, dit le grand bagnard ideux, il habite au dernier étage de l’immeuble juste derrière moi.

- eh bien, dit le petit voyou, si tu ne sors pas de chez ton vieux, il doit s’ennuyer ; je veux l’aller voir.

 

Le petit voyou fit semblant de ne pas se rendre chez le vieux, et grand bagnard fit semblant d’aller chez son odieux grand père, s’amusant à faire des bulles avec son chewing-gum, à sauter à pieds joints sur les dalles du trottoir, et à faire des grimaces aux filles affolées qu’il rencontrait.

 

Le voyou chercha longtemps la chambre de bonne qu’occupait le paterne l et entra sans frapper.

Le petit voyou gagna ainsi beaucoup de temps, n’ayant pas à dire au paternel ce qu’il venait faire ici ni à faire choir une improbable bobinette.

 

Il ne mangea pas le vieux mais l’attacha sur une chaise et le tabassa pour savoir où il planquait l’argent du casse.- efbèce d’idiot, lui dit le paternel tout récemment édenté, grand fagnard fort de gé moi pour le blanguer gé mon bère jufte en fa.

 

Le voyou ne se coucha pas dans le lit du vieux et couru chez le grand père.

 

Toc, toc.

 

- Qui est là ?

- Grand bagnard dit le petit voyou en déguisant sa voix. Je vous apporte les biftons du dernier casse de papa.

Le grand père lui cria :

- Parle plus bas, espèce de grand imbécile, et entre ; la porte n’a pas de chevillette.

 

Le grand père subit le même sort que le père.

 

Le petit voyou fut bien étonné de ne pas trouver Grand bagnard. Il dit :

- Grand père, où est passé Grand bagnard ?

- Je ne l’ai pas vu aujourd’hui, répondit l’ancêtre.

- Grand père, où est passé le magot ?

- Je ne fais mè pas de guoi du barles, balbutia l’ancêtre.

- Grand père, qu’as-tu fait du pistolet du poulet ?

- é ne manj gue du boiffon, gargouilla l’ancêtre.

- Grand père, tu ne pourras même plus manger de pu rée si tu t’obstines. Et en disant ces mots, ce méchant voyou dût se rendre à l’évidence : Grand bagnard les avait tous possédés.

 

Moralité : Si tu chauffes le laid trop longtemps, il déborde.

 

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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