" Je regrette, de m'être si longtemps - - - oubliée. "
Au solstice hivernale, mon coeur s'effrayait à quitter la misérable masure de mon âme, tapissé des multiples balafres de ma vie.
Pauvre intérieur de mon être multipare de la moindre émotion.
" Comme ta présence, me manque! "
Je me souviens de nos longues discussions, tellement incapable d'accueillir ta tendresse. Toutes tes attentions délicates, pour me protéger des remarques désobligeantes des autres patientes, dont les problèmes d'ovaires me laissaient indifférente.
Je m'enfuyais, m'absentais de ce corps trop encombrant, cachant ma pensée dans une épaisse fumée impénétrable.
" Tu savais, toi! " que c'était ma manière d'occulter la réalité des vivants, pour me sauvegarder des accointances si peu recommandable.
Ton diagnostic de thérapeute tomba comme un couperet :
destructurée- anorexique boulimique vomissante-et autiste profonde.
Mon indifférence du moment ne te choqua pas, car j'étais perdu dans mon monde maniaque d'habitudes trop bizarres, un peu ridicule pour le commun des mortels.
Tu t'es souvent découragée de mes longs silences équivoques résultant de mon passé d'assuétudes.
Dix neuf lamentables années à craindre la force, l'égoïsme, la rage qui avilit, détruit lentement l'être fidèle mais trop fragile.
Parmi nos nombreuses entrevues, mes incohérences nous opposaient.
Je n'acceptais pas tes certitudes thérapeutiques quand à mon mieux être, trop assujettie à ma douleur.
Mon mal de vivre était une transparence pour tous, sauf pour moi, qui sombrais.
Je me rappelle, ton chat qui miaulait derrière la porte de ton logis.
Une fois, tu l'as laissé entrer dans le salon.
J'étais sagement assise sur le canapé en cuir marron, quand il s'est installé sur mes genoux, en ronronnant.
Paralysée, osant à peine respirer. Mes larmes retenues à l'extrême enflammaient mon cerveau.
Tu vins t'assoir à mes côtés, me proposant de caresser l'animal.
Tétanisée, je refusais son contact comme je n'acceptais pas d'être touchée ou embrassée par quiconque.
Doucement, tu chassas le félin qui sauta avec légèreté pour vagabonder dans le reste de ta jolie maison.
Je béni le jour où au carrefour de ma triste vie, j'ai posé les yeux sur toi, entendu ta voix.
Toi, qui allais m'emmener dans ce long périple, de guérison à moi même - - -