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En fin de journée, ce vendredi, je longeais comme tous les soirs le petit canal qui rejoignait le carrefour des platanes. Ce jour là, j’avais travaillé comme une forcenée et j’étais ravie d’avoir enfin, terminé la semaine. 

 

Je rejoignais tranquillement mon logis en faisant un bilan des tâches que j’avais effectuées. Mon patron, maniaque du travail parfait avait été particulièrement exécrable. Ses accointances avec certaines personnes du service étaient déplorables. De plus, son assuétude au litre de café et au tabac,  n’arrangeait en rien sa nervosité, aussi j’avais bien mérité ces deux jours de repos. J’étais ravie de passer le WE avec mon petit ami TED. Il m’attendait à la maison et comme chaque soir,  dès que j’allais franchir la porte d’entrée il allait venir à ma rencontre. Il me soulèverait avec légèreté, me ferait virevolter en me demandant si j’avais passé une bonne journée et m’embrasserait avec une infinie tendresse. Ted était fidèle à ce petit rituel qu’il avait instauré dès que nous avions pris la décision de vivre ensemble..

 

J’étais fatiguée et je marchais lentement profitant du spectacle que m’offraient les bords du canal. Pour arriver jusqu’au carrefour, il me fallait passer devant une vieille masure grise, décrépie aux volets d’un vert fané. Il y avait de la fumée qui s’échappait par le conduit de la cheminée formant une ligne sinueuse dans le ciel,  presque transparente. Chaque fois, que j’arrivais à hauteur de cette petite habitation, j’avais froid dans le dos. Elle était habitée par un homme à l’esprit perturbé. On le serait à moins, me direz-vous ! Les gens d’ici racontaient que sa femme avait eu une maladie des ovaires la condamnant à être nullipare. Pendant deux longues années, elle avait fait un long périple pour lutter contre cette maladie. Le corps médical avait prononcé le mot « cancer » mais il n’y avait pas d’équivoques dans le pronostic et elle était perdue. Après la mort de sa femme, l’homme sombra dans la dépression, perdit son travail et depuis vivait dans la pauvreté. Il avait plus ou moins perdu la raison, on le disait un peu fou. Il avait coupé contact avec la civilisation et ne parlait plus qu’à son chat. Un soir,  celui qu’il avait surnommé « Tigrou » n’était pas rentré de sa petite virée journalière. L’homme sorti de sa maison et commença à le chercher. Il était tard, il était inquiet et l’appelait sans relâche. Arrivée à hauteur de la passerelle qui enjambe le canal, il entendit des miaulements de douleurs et aperçu, attroupé autour d’un arbre, un groupe de jeunes voyous en train d’attacher son chat pour le pendre par les pattes. L’homme hurla tout en se précipitant vers les garçons. Fou de rage, la bagarre s’engagea. Des coups de pieds, des coups de poings pleuvaient dans tous les sens. Un garçon sortit une arme blanche et agressa le vieil le marquant d’une balafre au visage. Voyant le sang giclé et, gagné par la panique, le groupe pris la fuite en courant, abandonnant l’homme et le chat à leur douleur. 

 

Je sursautais en entendant  « DRING ! » « Il est 6 h, les info de ce mercredi 5 novembre avec Daniel JOUBERT….. ».

D’un bond, je m’assis et regardais autour de moi. Pas de canal, pas de vielle masure, pas de vieux monsieur pas plus que de chat et de voyou…. J’étais dans mon lit, toute seule et j’avais tout simplement rêvé.

 

Bien mauvaise journée qui s’annonçait me disais-je !. Je haïssais les rêves dramatiques. J’étais assez speed en ce moment une inscription à des cours de yoga pour être plus zen me ferait le plus grand bien. J’étais contente, je venais de prendre une grande décision. Après une bonne douche, un petit déjeuner copieux, je sautais dans mes vêtements et couru jusqu’au bureau pour démarrer une nouvelle journée de travail.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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