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Cher Monsieur de Nerval (mort en 1855)

 

Cette lettre va certainement vous paraître très audacieuse mais c’est l’admiration et l’indignation qui me motivent ; admiration pour toute votre œuvre que je lis avec plaisir et étudie depuis plusieurs années ; indignation parce que c’est cette année le bicentenaire de votre naissance et presque personne ne parle de vous. Pourtant, Dieu sait que vous le méritez au moins autant que certains à qui on consacre des commémorations grandioses !...                                                                    

 

Il m’est venu une idée pour fêter dignement cet événement : partir sur vos traces comme je l’ai déjà fait seule … mais cette fois-ci… avec vous. Et bien que je n’aie pas votre talent, je ferais un livre de ce pèlerinage.                                                                                                                                                           

 

Nous pourrions nous donner rendez-vous au 168 rue Saint-Martin à Paris et vous m’offririez un apéritif dans l’appartement de votre enfance.                                                                                              

 

Nous irions au Louvre voir le « Souvenir de Mortefontaine » de Monsieur Corot et comparer nos propres souvenirs sur place dans le Valois. Nous emmènerions avec nous Camille Rougier pour qu’il nous dessine dans le paysage de votre jeunesse. Nous lirions ensemble « Faust », Hoffman et puis encore Goethe.  

 

Vous m’expliqueriez tout…

 

Le soir, nous retrouverions vos amis  Théophile Gautier, Victor Hugo ,Dumas, Petrus et  Arsène Houssaye   pour dîner. Nous parlerions d’Hugo et de la bataille d’Hernani.

 

Nous finirions la soirée Rue du Doyenné ou au château des Brouillards à Montmartre. Le lendemain, je dirais à Jenny Colon tout le bien que je pense de vous et elle vous aimera comme vous l’aimez.

 

Vous me direz vos angoisses et vous n’aurez jamais besoin d’aller chez le docteur Blanche. Quand vous serez tout à fait bien, nous partirons vers l’Allemagne et l’Orient. Vous m’initieriez aux secrets alchimiques. Vous m’emmèneriez en   Belgique, en Hollande, à Londres...      

 

Je vous donnerais l’équilibre d’une amitié sincère et peut-être m’aideriez-vous un peu à me faire connaître, vous qui avez tant de relations… Je serais la première et la meilleure lectrice des « Filles de feu » d’ « Aurélia ou le rêve et la vie. » 

 

Vous me confieriez vos « Chimères » mais vous choisiriez la vie. Je n’aurais pas à aller fleurir votre tombe, ni à me recueillir où vous  vous êtes pendu. Vous ne serez pas « le  ténébreux, - le veuf, - l’inconsolé » mais un homme aimé par une femme et convoité par d’autres.

 

Nous bâtirions ensemble des « Petits châteaux de Bohème .»

 

Votre dévouée lectrice

Tag(s) : #Textes des auteurs
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