L´air était chargé d´électricité. C´est sûr l´orage allait sûrement éclater, mais il fallait absolument que j´aille me défouler. Un jogging serait le bienvenu. J´en avais assez de faire du ménage, et de me casser la tête pour la bouffe. Ce soir, ce sera du surgelé !
Oui j´avais besoin d´aller prendre l´air et de me retrouver seule.
J´avais parlé toute l´après-midi avec une amie qui avait des problèmes avec sa mère. Celle-ci marchait dans des combines, avait des dettes, et bien sûr c´est mon amie qui en faisait les frais, si je puis dire.
Mon amie était très embêtée et malheureuse, mais je ne pouvais rien faire pour l´aider, seulement l´écouter. Je ne voulais pas entrer dans ce jeu là, il fallait que je me préserve. On ne peut pas porter toute la misère du monde sur ses épaules !
Me voilà presque partie dans la campagne, toute émoustillée à l´idée de courir, libre comme l´air. Je respirais à plein poumon, l´air était enivrant de senteurs mélangées en cette fin d´été.
A quelques mètres de chez moi, une voisine m´interpelle d´une façon obséquieuse et son regard darde ma silhouette. Mais qu´est-ce qui lui prend ? Pensais-je. Elle qui ne m´adressait pratiquement jamais la parole ! Avec candeur elle me débite son discours de grenouille de bénitier pour m´inviter à la kermesse de la paroisse, et me tend en même temps une enveloppe « pour le denier du culte".
J´ai pris l´enveloppe en la gratifiant d´un sourire que je fis le plus niais possible. Je n´allais quand même pas lui baiser la main, ni encore moins l´enlacer ! Par contre, j´aurais bien pratiqué des hachures sur sa robe d´un blanc immaculée, surmontée de tumeurs au niveau des épaules. Ridicule. Elle était ridicule !
J´ai pu finir mon footing en toute sérénité. Finalement, j´ai renoncé aux surgelés et j´ai emmené ma famille au resto, au bord de la mer, à Palavas-les-Flots.