Il en est de rudes
Qui escaladent le flanc des coteaux et dévalent les pentes sans crier gare.
Il en est de patientes
Qui tournent et retournent et contournent sans fin les quartiers endormis.
Il en est de languides
Qui suivent le fil de l'eau amolli par la douceur du printemps.
Il en est de martiales
Qui montent d'un élan à l'assaut des bastions outragés
Il en est de martyres
Qui laissent béer leurs entrailles défigurées au fil des chantiers jamais achevés.
Il en est de bourgeoises
Qui ne tolèrent que les chiens bien élevés et les aiguilles des escarpins griffés.
Il en est de glauques
Qui mouillent leur pavé du brouillard blanchi sorti des polars fétides.
Il en est de canailles
Qui s'acoquinent avec les remugles usés des frites et des cochonnailles.
Il en est de secrètes
Qui jouent à cache-cache entre les jardins entrelacés et les grilles entrouvertes.
Il en est de généreuses
Qui offrent leurs trottoirs aux vitrines rutilantes et aux passants aisés.
Il en est de nobles
Qui longent en silence les façades grises des hôtels particuliers.
Il en est de glamour
Qui offrent leurs affiches pâlies aux blondeurs fanées de Marilyn.
Il en est d'heureuses
Qui cachent dans leurs détours tant de baisers insouciants.
Il en est de pieuses
Qui d'une Vierge au regard aimant invitent le passant.
Il en est de frigides
Qui sont sans regard, tristes, indifférentes et nues.
Il en est de torrides
Qui chauffent leurs trottoirs de néons rouges, orange ou bleus.
Il en est d'amoureuses
Qui réchauffent de tendresse le coeur des humains esseulés.