Elle l’avait dévisagé, elle l’avait écouté jouer ces musiques si belles,
puis elle l’avait si vite aimé !
Elle l’avait revu, ils s’étaient apprivoisés, ils s’étaient de plus en plus fréquentés, et si tendrement enlacés…
Il fallait se cacher, seize ans, bien trop jeune, à l’époque, pour …
Dans les parcs, les endroits magiques ou parfois glauques furtivement se rencontrer !
Mais elle l’avait dans la peau, le cœur, le corps, les yeux, les mains, la tête,
Chaque jour dans ses pensées, au lycée sur ses cahiers, l’avenir ensemble dessiné, tant espéré !
Un miracle dans sa vie, enfin,
Un Amour, un Espoir, un Ami, qui lui tendait la main !
Et puis un jour, le silence, l’absence
La nuit.
Trou noir. Désespoir total.
Alors, incrédule , puis désespérée, elle avait fui.
Mettre du temps et de l’espace pour oublier l’abandon sans parole !
Elle avait quitté la ville, bac en poche, puis le pays.
Trente ans sans jamais comprendre une fin si brutale, sans explication !
Même si elle avait construit une autre vie,
La mémoire était tenace…et menace aussi, insidieusement…
Puis, après tant de temps et d’étranges rêves brusquement,
sentant ses forces s’amoindrir, sa santé se flétrir,
Sa vie lâcher-prise, l’avenir incertain,
Elle a cherché un jour dans l’annuaire une adresse, un nom, un indice…
Elle a trouvé des mots enfouis
Pour tout dire, de cette souffrance enfouie, engrangée.
elle a hésité, réfléchi, écrit.
Comme une bouteille à la mer,
Une enveloppe jetée dans la fente d’une boite aux lettres dans une gare, symbole fort,
Peur et soulagement ;
Elle pourrait partir en paix :
Elle avait fait ce qu’il fallait!
Quelques jours après ce geste insensé
Son portable a sonné.
(la technologie avait vraiment évolué ! A l’époque, il n’y avait pas de téléphone chez lui ! -Cela aurait-il pu tout changer ? - )
Elle a écouté, subjuguée !
Un message inespéré.
Oui, si longtemps après,
Alors qu’elle n’en attendait rien qu’un soulagement, un dépôt ou restitution ultimes d’une souffrance sans nom ,
des mots sont venus, (Jolie nuit d’insomnie), d’autres entendus, sa voix ! A lui! comme un baume artificiel, si longtemps après!
Quelle délivrance !
Elle l’a par la suite revu, lorsqu’elle a pu, souhaité, voulu, et parcouru des centaines de kilomètres pour se réconcilier avec son propre passé.
Oui, ils se sont parlé, et reconnus !
Oui, une certaine magie opérait encore !…
Oui… (......)
Mais la vie avait tracé un tel sillon si profond
Que cette dernière parenthèse ne fut qu’un bien joli pardon.
Trente années écoulées, tant de doutes et souffrances,
D’incompréhension et d’errances
De part et d’autre finalement,
Que ce fut un Bref / fulgurant voyage,
Bien jolies retrouvailles hors du temps
et nombreuses failles,
Dommage…
Le passé était si loin !
L’avenir aurait pu être tout autre, évidemment.
Je ne vous raconte pas la fin.
Qui la connait ?
Trente ans après, conjoints respectifs ont violé leur secret, menacé, fracassé leur passé ; (ils ont l’un et l’autre obtempéré, ou protégé ?)
De nouveau le silence et l’absence,
Mais qu’importe,
Elle avait eu l’audace, le courage,
Et personne ne le lui reprendrait,
jamais !