Sept cent quarante sept fois au moins il avait du « tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler »…
Etait-ce cela qui lui valut sept ans de malheur dans ce lieu clos?
Ou bien tout homme septuagénaire avait-il forcément eu son septennat maudit ?
Il s’interrogeait encore, à son âge.. Et cela lui semblait étrange, si vieux déjà, et encore en vie, envie de savoir s’il valait mieux se taire ou non, à chaque fois…
Lorsqu’il avait rencontré la septième, par exemple…il ne lui avait rien dit, mais elle avait fini comme les autres finalement. Alors ?
Les envoyer au septième ciel, c’était son orgueil.
Péché capital, oui, un des sept..il les explorait tous, un par jour au moins.et chaque semaine l’ordre en était bouleversé mais se répétait, qu’il le veuille ou non.de 1 à 7
Pourtant, il aurait aimé être parfait !. mais les préceptes martelés par ses sept maîtres principaux n’avaient pas donné les résultats escomptés.
Etait-il né sous une Lune noire ? avait –il Mars en exil ? le Soleil opposé à Saturne et Mercure conjoint à Jupiter ?la septième planète lui échappait…tout allait parfois si vite !
Vénus bien sûr ! C’est Vénus qui lui avait posé problème finalement…
Elles étaient si belles, si charnues, si croquantes !
Son idéal féminin parlait trop fort en silence tout au fond des temps !
Sept ans, il avait sept ans et il perdait pied. Sa mère s’envolait et il ne comprenait pas.
Ensuite…il ne se souvenait plus bien.
Vous voulez savoir ? Non, ce n’est pas raisonnable .
L’âge de raison, ou le grand âge, pour être délivré de ses démons ?
Même à son avocat il n’avait pas tout dit. Face aux gens de robe ne valait-il pas mieux se taire ?mesurer son propos ?enrober de belle manière ses désirs de bien faire ?
Il avait certes un peu perdu de vue l’objectif optimal ! ne pas perdre le nord.(septentrion qu’ils disent parfois ...sept tentent léon…)
Les digressions ravissaient ses journées de si jolie façon !
Brusquement un propos lui échappait .ou un geste. Et c’était fini.
Il ne comprenait plus rien.il ne maîtrisait plus le cours des choses.
Mais il s’amusait tant ! Sur le moment !
747…il se souvenait de ce chiffre, encore.encore… pourquoi ?
A oui, dans ce boeing …
Non, pas cette anecdote-là ! il ne pouvait pas vous la conter par le menu...
En plein ciel, vous imaginez ? Il l’a portée aux nues, juste avant l’atterrissage…
Il faut dire que durant sept heures de vol, on a le temps de faire connaissance !
Mais n’était-ce pas son septième et dernier enfant qu’il voyait s’avancer au loin ?
Ou le septième petit enfant d’un fils ? Oh et puis zut, qu’importe ! de 5h à 7 chaque jour ses idées s’embrouillent…il ne sait plus et rêve sur le banc…
Autrefois pourtant…il devait bien faire autre chose à cette heure -là!
Dans la petite cour, sept mètres sur sept, il s’évade,toujours à la même heure .
Ils en ont mis du temps à le retrouver !
l’été à Sète, l’hiver ailleurs, de port en paquebot il avait vogué et écumé les destinations sans bagages une fois à la retraite : .(auparavant c’est dans les airs qu’il s’ échappait : steward sur Singa...Airlines , du temps des boeing 747 longs courriers…)
Mais un jour, il y bientôt sept ans, son ADN avait parlé ; -il n’a pas su se taire celui-là ? Pourtant sa langue…il la tenait lui !-
Comment cela peut-il se faire ? Il n’a pas compris…mais depuis il vieillit ici …
Sa huitième femme est encore en vie. Elle lui fait passer un savon tous les huit jours. Mais c’est une autre histoire :
La huitième merveille du monde, cela ne s’abîme pas ! Intacte qu’elle est ! Comme au premier jour !
Mais alors, ces enfants qu’on dit siens ?…
Il ne les a ni vus ni connus ni reconnus !
Juste conçus peut-être ? Parait-il que c’est comme ça la vie…elle passe à travers vous, il s’en passe de belles, et aussi de vilaines choses…
C’est ce qui s’est dit au procès…
Sa tête explose.il parait qu’on a sept chakras. est-ce le dernier qui ne va pas ?
On l’emmène. C’est l’heure de la piqûre.
Ah oui, déjà sept heures ?
Une sonnerie au loin …un haut parleur aussi…
Se taire.
Remuer, non tourner…
Sept fois
Sa langue
Dans sa
Bouche.
Laquelle ?
Il ne pouvait jamais l’embrasser…