Sept vers, sans pied, fatigués,
Sur la page, languissaient
Et, prêts à tirer du nez
Quelque mot à leur sorcier,
Se sentirent bien frustrés
Quand il leur fût annoncé
Qu’un poème de sept pieds
Le jour, jamais ne verrait…
Comment ? dit le premier vers,
Des pieds, tu n’as qu’à faire !
Un peu d’imaginaire !
S’enquit le deuxième vers…
Sept vers, sans pied, verselets,
Sur la page, protestaient.
Le troisième plus rythmé
Négocia de son plein gré
Qu’un présent lui fût donné,
Qui prit forme de sept pieds.
Mais las, était le sorcier
Qui ne trouvait pas d’idée…
Puis, le quatrième vers,
Plus libre que ses frères,
Protestant de colère
Se redressa à l’envers
Sept vers, sans pied, excédés
De ne pouvoir exister
Déclamèrent à leur sorcier :
Vois, comme l’art est aisé !
Et le cinquième, décidé :
Chausse-nous de quelques pieds
Fuselés ou potelés,
Nous saurons t’en remercier !
Enfin, le sixième vers
De surcroît, solitaire,
Fit un bref inventaire
Pour le sorcier, satisfaire
Ainsi naquit le septain,
Malgré des pieds incertains
Parfois plats, parfois sans teint.
Et le septième boute-en-train,
D’attraper ses fantassins
Les raccrochant à son train,
D’encre, s’imbiba enfin.
Nanou, 29.01.08