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Je m’étais arrêtée au bord de la route, regardant ce paysage familier et bucolique. C’est assez étrange, mais les coquelicots m’ont souvent attiré le regard, comme celui que je pose sur une peinture, qu’elle soit de Monet ou d’autres artistes ou photographes.

Pour l’instant c’était moi qui avançait dans ce pré et j’avais huit ans dans mes souvenirs.

 

Ces fleurs étaient si belles, et rouges comme le sang. Elles formaient des taches sur la robe verte que je portais. Sous le soleil, si éclatantes, sous ma main, si fragiles, si frêles. Leurs pétales ondulaient comme une robe, sous la brise légère.

 

Ce qui était étrange, c’est que lorsque j’en cueillais une, elle penchait immédiatement la tête, comme privée d’énergie vitale, de la terre nourricière.

Je me voyais courir dans ce pré, car elles pouvaient aussi me protéger de celui qui me poursuivait pour prendre les fleurs de ma robe. Serait-ce pour cela que je déteste le vert comme couleur et que le rouge a ma préférence ? Ce dernier représente la force de la vie, le sang qui coule dans mes veines.

 

Le vent qui souffle et que je respire me donne la force de courir et d’avancer parmi cette nature.

Là au milieu je me sens libre, l’air environnant, revigorant, redonne vie. La terre que je foule sous mes pieds, me donne l’assise en cet instant dont j’ai besoin.

J’inspire, j’écarte les bras, je lève la tête vers le ciel, et vers le soleil qui luit et je tournoie, tournoie, non pas de joie, mais pour effacer de ma mémoire ce tableau qui à la fois m’attire, m’étreint, pour me posséder contre ma volonté.

 

Je tombe à terre, ouvre les yeux et devant mes yeux une fleur rouge et fanée, m’accompagne allongée. Je tends les doigts, la prends, la cueille, et la dépose sur mon cœur, comme pour la consoler d’avoir oser se coucher, parce que piétinée, erreur d’un voyageur égaré, en ces lieux.

 

Je laisse couler en moi la paix. J’écoute le silence. Autour de moi une musique de couleurs a éveillé en moi, des souvenirs à peindre sur une toile, celle que je ne dessinerai jamais.

 

"Comme un petit coquelicot Mesdames….."chante dans ma tête !

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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