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J’ai dit qu’elle était blonde. Ça, c’est la première impression. En fait, je ne sais plus vraiment si ses cheveux étaient blond foncé ou châtain clair ou légèrement roux, (j’adore le roux, mais le roux moyen, non agressif et pourtant volontaire, témoin d’un tempérament bien affirmé, mais sans excès…) J’ai oublié pour la simple raison que ce sont ses yeux qui m’ont attiré dès le premier regard. Des yeux qui m’ont paru comme un chiasme au sein d’une rime riche, des yeux qui fuyaient les miens mais acceptaient quand même de les sentir s’attarder un instant sur elle. Leur couleur m’a posé la même énigme que pour la chevelure. Pour l’instant, aucun coloris ne me venait à l’esprit. Bleus ? Non ! Couleur printemps, quand le premier oiseau se met à chanter ? Couleur jardin, à l’éveil du premier bleuet ? Couleur vacances sur une plage du sud au premier soleil ? Couleur d’un coucher qui ne finit pas d’en finir ? En tout cas, son regard s’alliait admirablement avec le blond intelligent de la chevelure, même s’il semblait vouloir calmer, avec son aspect prétendument paisible, la fougue retenue sous le petit chignon bien arrangé.

 

Elle ne m’a pas regardé, en tout cas, je n’en ai pas eu l’impression, elle était trop occupée à cet instant. Intéressée sans doute par ce petit tailleur vert élégant dressé à gauche de la vitrine. J’ai été saisi par la ressemblance du mannequin et de sa potentielle cliente. Mêmes jambes élancées, même taille fine, même buste fier et droit. Elle s’est penchée un instant vers la personne qui l’accompagnait et je suppose qu’elle lui a confié son admiration pour ce modèle chic et élégant qui lui irait sans doute si bien… Je l’enviais cette inconnue, tout en regrettant de n'être pas de son monde et de ne pouvoir jamais me montrer au bras d’une femme comme elle. Ni de pouvoir jamais lui offrir la tenue de ses rêves. J’ai jeté un dernier regard sur ses blondeurs capillaires, et sur ses petits yeux si vifs en espérant qu’elle tourne la tête pour me dire intérieurement adieu, mais hélas, elle avait saisi le bras de sa voisine, et repartait joyeuse vers son destin de femme riche et heureuse. Et moi je repris tristement le chemin en sens inverse, celui des quartiers pauvres de la ville, je venais de faire un rêve délicieux qui durerait, je l’espère, un peu plus que le temps d’une nuit.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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