Victor Hugo et ce très joli poème (oceano nox) appris à l’école primaire fut la découverte de la poésie. Rimbaud et son Dormeur du val se joint à la liste. Egalement, Les Conquérants de José Marie de Heredia le pays de Cipango ? Tout un voyage dans l’imaginaire.
Plus tard ce fut Brassens et son chasseur de papillon. Puis avec l’âge ses autres textes plus croustillants les uns des autres. L’Orage occupa la tête de mon hitparade.
Ces rencontres agréables continuent de meubler ma mémoire mais le plus intéressant est à venir.
Arrive l’heure de l’armée et mes pensées de l’époque, anti militariste, me firent choisir la coopération.
L’Algérie fut ma destination en 1973 c’est-à-dire après l’indépendance. Je fus affecté à l’usine Sonacome ex Berliet fabriquant de camions à Rouiba à l’est d’Alger. Découvrir un pays, un peuple, une histoire. Autant de choses que la jeunesse permet d’affronter. Je venais d’une formation technico commerciale et fut donc affecté dans un service d’ordonnancement. Gérer les stocks des composants nécessaires à la fabrication des véhicules, camions et autobus une expérience intéressante.
Puis arriva un Directeur des Achats devant mettre en place un Service achat. Jusqu’alors la société recevait des collections (c’est le terme) de pièces venant de la maison mère à Vénissieux, le fournisseur unique.
J’ignorais qu’il y avait un service achat dans une entreprise ? On me proposa, vu mon profil de m’affecter à ce service. J’y ai découvert le métier qui occupa toute ma carrière professionnelle !
Ce monsieur venait d’un site de construction automobile avec une très grosse expérience. C’est avec un professeur de premier rang que je fus initié à ce métier. Les techniques de la négociation tout un art…
J’ai donc reçu les différents fournisseurs qui découvraient le sol algérien, comme moi, pour leur passer les premières commandes en direct. Les pare-brises, les roulements, les essuies glaces, les sièges, Les pneus, bref tout y est passé. Ils livreraient directement à l’Algérie. Des patrons faisaient le déplacement pour voir à quoi ressemblait ce site de production de 3000 personnes.
La coopération terminée je rentrais en France et démarrais ma carrière d’acheteur dans la sidérurgie. Mon parcours fut très riche et compliqué devant surmonter 3 licenciements économiques dans différentes entreprises, c’est une autre histoire…
Cette richesse je la dois en partie à la rencontre de notre loueur dans le sud de la France lorsque je travaillais à Fos sur Mer.
Ce monsieur avait un superbe appartement avec vue sur la mer qu’il nous louait aimablement. Pour régler notre loyer nous nous rendions chez lui chaque mois et discussions de choses et d’autres…Ce monsieur, dans sa jeunesse avait été rondier c’est-à-dire surveillant faisant des rondes dans une usine pétrochimique bordant l’étang de Berre. Il me racontait que régulièrement il était dérangé par des systèmes de sécurité se déclenchant lors de surpression dans des circuits hydrauliques ou vapeur. Il était obligé de se déplacer et activer un simple bouton pour stopper l’alarme.
Il eut donc l’idée de mettre au point un système de réenclenchement automatique du circuit. En clair la légère surpression passée le système fonctionnait correctement.
Nous étions chez lui au moment où il avait reçu sa première commande. Un navire américain à quai à Toulon entendait le bruit que faisait son système en phase d’essais. Le terme technique étant soupape de sécurité. Sur les bateaux les règles de sécurité sont telles que les alarmes sont nombreuses. Il livra l’US Navy lui le petit rondier des Martigues…Il eut un autre très grand succès dans les centrales nucléaires françaises et bâti une entreprise de près de 400 personnes.
Mon parcours m’amena ensuite, bien plus tard, dans une autre entreprise, dont le PDG démarra avec son frère un petit atelier du quartier de la Belle de mai à Marseille, et fut capable de créer un groupe de 3000 personnes. Il confectionnait des pièces pour les raffineries mais avec les matériaux particuliers qu’exige l’industrie pétrolière. On doit utiliser des aciers très spécifiques qu’il avait approvisionné avant les autres. Mais c’est une autre histoire…La simplicité de ces deux créateurs d’emploi était la même.
La création part toujours d’un constat simple et logique qu’il faut avoir au bon moment et il faut oser se lancer.
La retraite arrivant je savourais les plaisirs de l’écriture et de la poésie et ce fut le choc quand je découvris l’œuvre de Léo Ferré ! Comment ais je pu passer à côté de cet immense poète. Je connaissais : « c’est extra » et « avec le temps » mais très peu de ses superbes textes. Je fus surpris de découvrir que Jolie môme était en trois vers…Les Anarchistes ne prenait pas une ride et encore aujourd’hui donne envie de lever le poing tant les mots sont puissants ! On se calme… le Testament un message d’Amour sublime. Le choc de l’admiration fut avec cette œuvre en alexandrin :
Tu penses à quoi ?
Je suis toujours surpris de l’effet produit par ces vers, chaque fois que je l’écoute et peut être partagerez-vous mon point de vu ?
Léo me fit aussi découvrir d’autres poètes. Mieux vaut tard que jamais.
Il y a l’avant et l’après.