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Le pays sortait doucement d’un long hiver, sombre et pluvieux, qui n’avait laissé comme espoir que celui du retour du soleil et des couleurs. Les rouges et les jaunes des fleurs, les bleus et les oranges du ciel. 

Il serait enfin possible de revoir le joyeux spectacle des enfants batifolant en tous sens dans les parcs aux vastes pelouses libérées, et chevauchant comme des chevaliers d’un autre temps les fiers destriers de bois des manèges.

Hélas, l’équinoxe s’annonçait à peine que le président, rehaussé sur ses cothurnes de tragédie, a refermé ce qui à peine s’entrouvrait. Au nom d’un monde sourd, aveugle et déjà moribond, l’enfermement chez soi a été imposé à tous, et a agi comme une fragmentation, une fissuration, de toute cohésion et confiance en l’autre.

Seulement le matin, dans la lueur laiteuse de l’aube, et le soir, dans celle grise du crépuscule, on pouvait entrapercevoir quelques ombres, à la démarche chaloupée, comme maladroite et hésitante, qui semblaient errer dans la ville, jusque sur les berges du fleuve indifférent qui la traversait. Ces ombres anonymes, se déplaçaient, vigilantes aux bruits, claquants sur le bitume, des brodequins cloutés des armées loyalistes, légitimées dans leur toute puissance par la guerre sanitaire.

Pour ces quelques ombres rebelles, pacifiques, il s’agissait seulement, en collant ici et là quelques affiches, fabriquées à l’ancienne, d’appeler à refuser l’entrée dans cette ambiance de guerre, et de résister à la soumission volontaire à la mise en œuvre des procédures d’aliénation.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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