Cela faisait quelques jours que nous y pensions pour ne pas passer à côté de l’événement : la pêche à l’anguille le jour de la pleine lune ! durant les vacances en baie de Somme.
Nous partîmes d’un pas léger, sous un ciel laiteux, dans la douceur de l’été ,le jour venu, à la lueur de la lune. Des chauves-souris batifolaient au-dessus de nos têtes. Nous arrivâmes à ce bras de mer et un saule moribond, incliné vers l’eau, était notre repère. Le pêcheur à ses coins qu’il garde pour lui, même s’il partage ses prises. Nous installâmes nos équipements sur la berge c’est-à-dire les cannes et les parapluies. Oui des parapluies… que l’on retourne et place sur l’eau, la tige vers le ciel ! Plusieurs d’entre eux peuvent se chevaucher partiellement ça ne gêne pas. La zone de pêche allait à une dizaine de mètres d’une chaloupe ensablée laissant apparaitre sa proue. Des fragments de bois trainaient dedans. Nous avions au préalable pris soin de confectionner avec de la laine une pelote constituée de vers de terre enfilés dessus à l’aide d’une grosse aiguille. Il suffisait alors d’attacher la pelote au fil d’une canne et de tremper le tout dans l’eau. Le courant aidant on laissait filer jusqu’à sentir quelque chose tirer sur la ligne. Il fallait alors relever la canne, pas trop vite, mais pas lentement non plus, la placer au-dessus d’un parapluie retourné. L’anguille se débattait et tombait dedans restant vers le centre, ne cherchant pas à s’échapper. La victime attirée par l’appât vient mordre ce paquet de vers et les dents fines se coincent dans la laine. Ce n’est pas un hameçon mais c’est suffisant. C’était la bonne heure, elles étaient au rendez-vous du repas fatal ! La pêche dura une heure environ l’anguille ne sortant pas davantage mais chacun fait ce qui lui plait ! Au bout de quelques minutes sans manifestation au bout d’une ligne les parapluies furent remontés et les prises transférées dans la bourriche. Parfois un geste maladroit permet à une prise de s’échapper durant la manœuvre mais cela ne constitue pas un drame. Rattraper une anguille la nuit n’est pas chose aisée même si ce n’est pas dans une botte de foin !!
Tout le matériel fut plié et rangé et nous repartîmes, très heureux de nos prises, avec un peu de terre sous la semelle de nos brodequins. La matelote ce sera pour demain. Maman s’en chargera. Il y a très longtemps que je n’ai pas mangé de matelote ni péché le jour de la pleine lune !