P222 Marielle - Nanofictions

Chaque jour elle enlaçait le tronc torturé du figuier maudit qui se trouvait non loin. Il lui apportait courage et réconfort.

Pendant deux jours, elle ne put venir en raison des vents violents provoqués par l’ouragan Hugo. Le troisième jour, elle brava les trombes d’eau et courut rejoindre le figuier maudit. Elle le trouva chancelant sous l’assaut des bourrasques, des branches jonchant le sol. Elle le laissa s’enrouler autour d’elle et on ne la revit plus jamais.

Il était parti la rejoindre dans l’espoir de l’attendrir et la faire revenir. La traversée avait été éprouvante en raison de son mal de mer notoire, source de plaisanterie parmi leurs amis. Au port, la tête encore chavirée, il l’avait appelée pour annoncer sa venue. Une voix de baryton lui avait répondu qu’elle était sous la douche et qu’il pouvait laisser un message.

 Le chien courait nez à terre, s’arrêtait, creusait dans l’humus du sous-bois humide sous les encouragements de son maître. En échange d’une trouvaille, il avait droit à un morceau de cantal.

A la seconde tentative, le chien déterra une superbe truffe, comme on en voit rarement.  Les yeux rivés dans ceux de son maître, le chien la croqua goulument. Ce jour-là, son maître avait pris du comté.