P217 Jean-Claude – Impossible rencontre

Le chemin fut long, pavé de bonnes intentions.

Cependant, je me gardais de succomber à la tentation.

Ma longue expérience de la vie avait ancré en moi la méfiance.

- Garde-toi bien des donneurs de conseils

Qui n’ont pas leur pareil

Pour t’inciter à brûler tes doigts dans la braise chaude

Et tirer les marrons du feu du pauvre Ti’Claude.

Ainsi parlait ma Maman quand elle était encore de ce monde.

Douée d’une grande faconde,

Elle s’évertuait à m’inculquer le don de la défiance …

Enfin, me voici tout en haut de l’échelle.

Devant la grande porte, une belle brune aux allures de romanichelle.

- Puis-je voir le grand Saint- Pierre, hasardais-je ?

- Holà ! D’entrée de jeu

Rencontrer le détenteur des clés des cieux ?

Auriez-vous au moins quelque référence ?

- Oui, quelque part, résident mes aïeux

Et ma Maman en l’occurrence …

La voici, elle n’a pas changé,

Plutôt boulotte, sa silhouette m’émeut aux larmes.

Un demi-siècle s’est écoulé

Le jeune homme qu’elle a quitté

Est plus âgé qu’elle lors de sa disparition

Mais il est toujours son petit dernier

Avec qualités et défauts …

- Te voilà, garnement !

Mes conseils, tu n’as pas toujours suivi

A tort ou à raison, mais c’était ta vie…

Nous avons maintenant l’éternité

Pour tout nous raconter

Alterner reproches et vérités,

Bref, comparer nos chemins respectifs

En tirer l’enseignement

Sans acrimonie

Sans esprit compétitif…

Toi et moi, nous avons fait pour le mieux.