J'avais décidé de finir le chemin à pied. Pour accéder à la maison, il fallait s'engager sur le petit sentier cabossé. J'avais envie de flâner, baguenauder aurait dit mon grand-père. A mi-chemin, je m'arrêtai pour observer une procession de fourmis. Imperturbables, elles finissaient leur travail d’équarrisseuses, il ne restait plus qu'un petit tas d'os, parfaitement nettoyé de ce qui avait dû être un oiseau. D'autres s'étaient attaquées aux pommes ratatinées tombées par terre.
La maison apparue, depuis que grand père était parti, je n'étais pas revenu.
Je poussais la porte, le salon donnait sur une large baie vitrée, la vue y était magnifique.
Le fauteuil à bascule, la table de noyer, les chaises paillées, tout était resté.
Sur le buffet trônait son électrophone, revêtu de son habillage rouge écossais, il n'avait jamais voulu s'en séparer. Empilé à côté les vinyles, le premier titre me fit sourire "ne fait pas tanguer le bateau », je ne me souvenais pas que mon grand-père eut été un fan de Sheila, le disque était tout gondolé, sûrement le soleil.
Je choisis le "concerto pour clarinette" de Mozart.
La musique emplit la pièce, il était là, il me regardait d'un air amusé.
Je laissai les émotions m'envahir, ce soir j'étais avec lui.