P215 Jean-Claude - Il y a bâton et bâton …

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- Sans indiscrétion, vous allez où, M’sieurs – Dames ?

- Nous ? Nous sommes partis pour une aventure passionnante et inoubliable sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Nous ouvrons une parenthèse dans notre vie. Prendre du recul, se lancer un défi, partir en quête de spiritualité, rencontrer des personnes qui ont un but dans la vie. Vous, par exemple ?

- Moi ? Je suis un passionné du bâton de maréchal …

- Pardon ?

- Oh, c’est trop long à expliquer … Mais je vous accompagne jusqu’à Rocamadour. Par la suite, chacun sa voie !

- Les voies du seigneur sont impénétrables, mon fils.

- Je ne pense pas que j’y trouve mon bâton de maréchal …

Finalement, poursuivant mon bonhomme de chemin, j’avance : me voici dans les Cévennes !

- Fi de Garce ! Qu’est-ce que c’est tout ce monde ? Il y a plus de bergers que de brebis…

Chez Haviland à la porcelaine, y avait pas un gars ou une femme derrière chaque assiette.

C’est d’ailleurs pour ça qu’on m’a ouvert la voie pour la quête de ce que vous savez. Compression de personnel qu’ils ont dit.

- Dites-moi Madame : qui garde qui sur ce chemin ?

- Comment Monsieur, vous ne connaissez pas la transhumance du village de l'Espérou, au pied du Mont Aigoual, dans les Cévennes gardoises ?

 Les troupeaux arrivent de Valleraugue et s'apprêtent à monter dans les estives. Les transhumances ont lieu deux fois par an.

Au printemps, les animaux grimpent vers les pâturages de haute-montagne et ils redescendront en automne.

Mais vous allez où avec votre bâton de randonneur, vous n’êtes pas berger ?

- Non Madame, moi, je vise plus haut que le bâton de berger. Je vais vers le bâton de maréchal…

- Ah ! Je vois, Monsieur a de l’ambition. Vous concourrez dans quelle catégorie ? Sportive, culturelle ou dans une discipline qui m’échappe ?

- Voyez-vous, brave dame, j’hésite car en matière de bâton de maréchal, il y a deux perspectives avec chacune, des variantes.

Dans une, il y a le classique, la balustre, le diamant …

- Et l’autre, c’est le bâton blanc comme celui des anciens gardiens de la Paix, mais aujourd’hui, il leur est préféré la matraque beaucoup plus fonctionnelle ? Ne me dites pas que vous collectionnez les gourdins ?

- Non, bien au contraire, la deuxième perspective est beaucoup plus goûteuse, on peut utiliser la poudre d’amande, l’amande amère …

- Restons – en-là, Monsieur le Maréchal, je vais, pour ma part, prendre la poudre d’escampette parce qu’à vous écouter,

je me demande si vous ne galéjez pas quelque peu ! Et à propos d’amende, la dernière dont j’ai du m’acquitter était assez amère, je dirais même plutôt salée. Mais Monsieur, sans vouloir vous offenser, je pense que votre place est aux côtés des brebis.

Parait qu’ils cherchent un berger …

- Troquer le bâton de maréchal contre le bâton de berger ? C’est une éventualité qui ne m’avait pas effleuré jusqu’à notre présente conversation.

L’ambition est un sentiment extrêmement noble, ce qui la pervertit c’est l’obsession.

Je déduis de ce proverbe qu’il vaut mieux troquer un bâton contre un autre plutôt que persister à être considéré comme toqué ...