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Nous avions quitté Clermont-Ferrand de bon matin. La joie régnait dans la voiture. C'était les vacances.

Luc et Eva jouaient, racontaient des blagues, les parents riaient, pour ma part, je m'endormis. Je fus réveillé par des cris, les enfants avaient faim. Depuis le matin l'odeur du jambon des sandwichs attisait ma gourmandise. La voiture se gara et toute la famille s'installa à l'orée d'un petit bois.

Je partis me promener avec Hugues. Mes narines s'emplirent de délicieuses odeurs, champignons, mûres, mucus…je me sentais heureux.

-" Attends-moi ici, m’ordonna Hugues, je reviens, surtout ne bouges pas."

Hugues ne revenait pas, mais que faisait-il ?

Ce n'était pas dans mes habitudes de désobéir mais inquiet, je m'élançai.

Personne à l'endroit du pique-nique, je filai sur le parking, la voiture avait disparu.

Je ne comprenais pas, hagard je me mis à courir en tous sens.

-" Mais il est fou ce chien, il va se faire écraser, il faut prévenir la gendarmerie, il est peut-être dangereux, enragé "

Il fallait se sauver, courir, aller se cacher ...haletant je me tapis entre les racines d'un chêne. Ils allaient revenir me chercher, s'apercevoir qu'ils m'avaient oublié, je humai l'air à la recherche de l'odeur si familière de ma famille, je finis par m'endormir. Le matin, il fallait bien me rendre à l’évidence, ils m'avaient abandonné, comme un vieux jouet inutile et encombrant. Comment avaient-ils pu ? Je pensai à Eva, je ne serai plus là pour l'accueillir à son retour de l'école, poser ma tête sur ses genoux quand elle avait du chagrin. Qui ferait Rantanplan quand Luc jouerait au cow-boy ?

Une odeur de jambon me sortit de ma mélancolie, j'avais faim.

Je m'approchai doucement de l'orée du bois, une autre famille y déjeunait, la petite fille se leva et s'approcha.

-" Ne t'éloignes pas Eglantine, nous allons repartir "

Elle se baissa doucement et me caressa. Je glissai ma truffe dans sa main, une onde de douceur m'envahit.

-"Eglantine reviens !"appella sa maman

Eglantine ouvrit son sandwich, en sortit le jambon et le déposa devant moi.

- "Au revoir joli chien" chuchota-t-elle

Mes yeux la suivirent, elle avait rempli mon ventre et elle m'avait donné le courage de continuer.

-" Le chien a été signalé en bordure du bois."  Des policiers approchaient.

J'avais déjà entendu parler de la fourrière, je n'avais aucune envie de finir dans une cage ...Je courus toute l'après-midi sans m'arrêter, évitant les routes. Le soir j'étais en pleine campagne, épuisé, je m'endormis dans un champ de blé. Je fus réveillé par des grognements, une horde de sangliers s'approchait de mon refuge, fouillant le sol avec leurs groins, ils allaient vite me repérer, j'étais sur leur territoire, il fallait fuir.

L'aube approchait, quand je m'écroulai, j'étais à bout de forces, au loin j'entendis le bruit des vagues, ma vie allait s'arrêter ici.

Quelqu'un me reniflait, j'ouvris les yeux, c'était un labrador, une magnifique femelle.

-" Qu'as-tu trouvé ma Blanche ?"

Une main me toucha, il s'en dégageait une énergie de bonté et de douceur.

L’homme qui me caressait, voyait avec ses mains, Tson regard était absent.

-" Tu es bien mal en point mon pauvre ami, heureusement Blanche t'a trouvé, elle est mes yeux, tu sais. Nous allons nous occuper de toi."

Je ne sais pas où j'étais arrivé, mais cela ressemblait au paradis.

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