Un grand singe, un beau jour, au bord d’un vaste étang
Rencontra un grand clown qui avait bien trente ans.
Que me vaut, dit le clown un tantinet surpris,
Le plaisir de vous voir sur ce branchage assis ?
Ebahi suis aussi, répond le beau primate
En desserrant un peu le nœud de sa cravate
Puis regardant sa montre : j’avais prévu vingt heures,
Vous êtes en avance, et moi dans la terreur
Ou dans la honte, au moins dans un grand embarras
De donner ce concert sans en trouver le la
Car n’ai point accordé encore ma cornemuse
Et de canards ne veux qu’un jour on ne m’accuse !
« De canards je ne vois » dit le clown étonné
« Aucun sur cet étang, ni du bec le reflet ! »
Puis déposant à terre son ciré verdelet :
Allons, buvons un coup, dit le singe en riant
Nous avons devant nous encore un peu de temps
Loin de nous assommer, cette douce liqueur
Chatouillera nos nez et ceux des spectateurs
Qui vont être surpris de tant de performance
Au bord de cet étang, là, quelque part en France.