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C’est une maison bleue adossée à la colline

Ma maison.

Carpe Diem.

 

            Le jardin qui l’entoure en est comme l’aura, l’âme multicolore et parfumée.

Comme dans un tableau de Monet la nature impressionniste y orchestre les couleurs.

Chaque fleur y joue sa note de bleu, de l’azur le plus profond au mauve le plus tendre :

Le buisson des sauges bruissantes d’abeilles, fusantes au pied de la Porte des Oiseaux, les sarriettes mussées derrière les genêts d’Espagne, et, tout autour, luxuriants, les cirtes miraculeux, chaque soir agonisants, tous pétales épars, chaque matin renaissants. Les ondes mouvantes des Blue Johnson, les lavandes dardées et les ficoïdes piquetées d’étoiles…

Toute cette harmonie de bleu se pique de quelques touches mêlées du rouge ardent des géraniums, des verveines vivaces et des impatiens, du rose exquis des gauras éthérés et des roses trémières, des touffes de coton blanc de l’althéa et des églantines mussées près du préau, des tiges érectiles des corbeilles d’argent…

            La note suave du chèvrefeuille et des œillets, le citronné des verveines et le poivre de la menthe chuchotent aux sens en secret,  emportés dans la ronde enchantée du babil des oiseaux : les roulades du merle, le sifflet impératif de la sitelle, les trilles aiguës de la mésange bleue, le chichibu de la charbonnière, le klaxon sourd de la huppe et le roucou des tourterelles se mêlent parmi l’éparpillement joyeux de la bande à Moinot, le vol puissant du geai, les martèlements du pic épeiche et les froufrous d’ailes auprès de la fontaine chuchotante. La nuit, le sanglot d’une hulotte, l’aboiement d’un chien au loin, le cricri des grillons et des lucioles, le chœur étouffé de crapauds amoureux…

            Dans le lointain, par-dessus le balcon de romarins chahuté d’oiseaux chamailleurs, dans le bleu pâlissant du crépuscule, la ligne de faîte encore ensoleillée des montagnes, le bicorne du Cousson, la barre de blanc calcaire des Dourbes, le pic de Couar et la croupe du Cheval Blanc fuyante dans le couchant…

 

Cette maison bleue, c’est la mienne.

C’est Carpe Diem.

Ce n’est pas la maison bleue de Maxime adossée à la colline.

N’y entre pas qui veut.

Elle n’est pas un lieu commun.

Elle se veut discrète, à l’abri du regard.

Un espace réservé.

Aux intimes.

Aux maîtres goûteurs des saveurs.

Aux initiés du bonheur.

 

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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